Le rideau va désormais tomber sur Sotchi. L'heure est donc au bilan. Pour l'équipe de France, il est plutôt bon avec 15 médailles. Mais au delà des chiffres, l'analyse montre une grande disparité entre les disciplines. Le ski, et notamment le nordique, s'en sort bien. Mais pas les sports de glace.
Les Jeux Olympiques qui se referment laissent apparaître un bon bilan pour la France, avec 15 médailles. Néanmoins, le bilan comptable met également au jour de grandes disparités entre les sports de neige, gros pourvoyeurs, et les disciplines de glace, encore bredouilles.
L'objectif avait d'abord été clairement affiché. Puis avancé avec plus de retenue à l'approche immédiate des Jeux, en raison des blessures notamment en ski alpin (Marion Rolland, Tessa Worley). Finalement, les 15 médailles rapportées de Sotchi sont conformes aux plans. Jamais l'équipe de France olympique n'était montée aussi souvent sur des podiums aux JO d'hiver. Difficile pour autant de parler de record, tant le nombre d'épreuves a connu une inflation régulière (12 nouvelles épreuves rien qu'en 2014).
Et les Français ont su parfaitement s'adapter à la nouveauté, puisque les sports récemment entrés au programme pour rajeunir l'image des JO d'hiver, skicross (triplé français chez les messieurs), snowboardcross (1 médaille de bronze), ski half-pipe (1 bronze, 1 argent), saut à skis féminin (1 bronze) ont largement contribué au bon rendement.
Les Bleus ont également été performants dans les disciplines historiques sur neige, en ski de fond (une médaille de bronze et de belles places d'honneur) et surtout ski alpin. Quatre ans après le "zéro pointé" ramené de Vancouver, le doublé argent-bronze de Steve Missillier et Alexis Pinturault en géant a mis fin à la malédiction olympique.Même si le jeune Pinturault n'a pas autant impressionné qu'espéré, sortant encore bien trop souvent de piste à force de prendre trop de risques.
Fourcade dans la cour des grands
La faillite des filles, certes privées de Marion Rolland et Tessa Worley, blessées, et la catastrophique première semaine dans les épreuves de vitesse, ont cependant dessiné les limites actuelles du ski français.Le constat est semblable en biathlon, encore principal pourvoyeur de médailles. Le ratio est certes inférieur à 2010 (6 médailles sur 11), mais il est toujours conséquent (4 sur 15). Ce bilan largement positif repose en immense partie sur les épaules de Martin Fourcade, entré dans le club des grands du sport français grâce à ses trois médailles (2 or, 1 argent).
Jean-Guillaume Beatrix, en bronze sur la poursuite, a complété ce tableau quasi parfait, d'où sont absentes les filles. Les deux 5e places d'Anais Bescond ont constitué les meilleures performances des Françaises à Sotchi, quatre ans après les trois médailles ramenées de Vancouver, grâce notamment à Marie Dorin et Marie-Laure Brunet, tombées depuis dans les profondeurs des classements.
Ces défaillances individuelles, et peut-être passagères, créent un décalage entre les messieurs qui baignent dans la victoire, et les dames, abonnées aux déceptions.
Prestations disparates sur la glace
Dans les sports de glace, la crise sportive est beaucoup plus profonde. D'ailleurs, la dernière médaille remonte aux JO de 2002... Douze ans déjà! L'inventaire des performances ressemble à un catalogue de mauvaises notes. Que ce soit en patinage artistique (Péchalat/Bourzat 4e en danse, Brian Joubert 13e, Mae-Bérénice Meité 10e, Florent Amodio 18e), short-track (meilleure performance pour Lepape 8e du 1500 m), patinage de vitesse (Ewen Fernandez 18e du 5000 m).Les performances en luge (Morgane Bonnefoy seule engagée a terminé 27e), et bobsleigh relèvent de l'anecdote. Mais font aussi écho à la grande solitude de ces athlètes qui, la plupart du temps, s'entraînent seuls et évoluent tout aussi seuls sur les circuits de coupe du monde. Morgane Bonnefoy et ses collègues du bob sont d'ailleurs très peu soutenus par la fédération, tant sur le plan financier que logistique, et voient sans doute ainsi leurs possibilités d'évolution tuées dans l'oeuf.
Vers un conflit à la tête de la fédération des Sports de glace?
Ces performances médiocres se doublent souvent d'un conflit avec les instances dirigeantes qui chapeautent des spécialités aux intérêts disparates. Didier Gailhaguet, qui préside la Fédération des sports de glace (confédération de 10 sports dont 8 olympiques représentant 30.000 licenciés) a reconnu, dans un entretien avec l'AFP, avoir commis des erreurs. Il s'interroge sur son avenir à la tête de la fédération (FFSG).Mais le problème est sûrement plus vaste. En dehors du patinage artistique, les athlètes se sentent rejetés par les instances fédérales. L'indifférence polie s'est ainsi muée en conflit ouvert entre le pouvoir fédéral et les patineurs de vitesse et de short-track avant et pendant les JO. Le problème est profond et sa résolution passera sûrement par une redéfinition du périmètre de la FFSG.
Dans le cas contraire, le constat sur la faillite des sports de glace sera identique dans quatre ans.