Génocide au Rwanda: interview de Paul Barril sur "la responsabilité" de Paul Kagame

Lundi 7 avril, le président rwandais, Paul Kagame, a une nouvelle fois accusé la France de "participation" lors du génocide de 1994. En réponse à cette attaque, Paul Barril sort du silence. A Genève, une équipe de France 3 Alpes a rencontré cet ancien membre de la cellule antiterroriste.     

Natif de l'Isère, Paul Barril a aujourd'hui 68 ans et la maladie n'a pas eu raison de la mémoire vive de cet ancien membre de la cellule antiterroriste de l'Elysée, sous François Mitterrand. Il s'apprête à sortir un livre sur le Rwanda dans lequel il désigne le président rwandais, Paul Kagame, comme "commanditaire" de l'attentat commis le 6 avril 1994, véritable "détonateur" du génocide. 

Le 6 avril 1994 au soir, l'avion du président hutu Juvénal Habyarimanana, de retour de négociations avec la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR), commandée par Paul Kagame, était abattu au-dessus de Kigali. Le lendemain, les massacres commençaient. Ciblés, les tutsi furent tués -souvent à la machette et au gourdin- chez eux, aux barrages érigés à travers le pays ou dans les églises où ils se s'étaient réfugiés, par des militaires et miliciens hutus, assistés par une partie de la population. Des Hutu refusant de se joindre aux tueries ou soupçonnés de liens avec des tutsi, périrent également.

Pour Barril, ce massacre a été télécommandé par Kagame et "sans la destruction de l'avion par attentat terroriste, il n'y aurait pas eu de génocide."


Et Paul Barril d'appuyer sa démonstration sur la peur de Kagame à la moindre ouverture d'une enquête sur la mort du président Habyarimanana en avion. 


Mais ce "j'accuse" lancé par Paul Barril tombe à l'heure où le capitaine est lui-même soupçonné d'avoir activement participé au génocide rwandais. L'ex-gendarme de l'Elysée est accusé d'avoir signé, en mai 1994, au plus fort du génocide, un contrat d'armement de 3 millions de dollars avec le gouvernement hutu rwandais. Ce qui nie Barril. 


Autour de cette "affaire" rwandaise, il y a des intervenants du monde entier. Des Français, des Canadiens, des Américains... Et pour cause. Selon Paul Barril, la richesse minière des lieux y serait pour beaucoup. 


La bataille judiciaire
Qui porte la responsabilité -hutu ou tutsi- de l'attentat contre l'avion d'Habyarimana qui déclencha le génocide?

L'enquête du juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière a mis en cause des proches de Paul Kagame dans l'attentat. Les mandats d'arrêt internationaux qu'il avait signé en 2006 contre neuf proches du président rwandais avaient entraîné une rupture de trois ans des relations diplomatiques entre Kigali et Paris.

Le juge Marc Trevidic a repris l'enquête en 2007. Il s'est rendu sur place en 2010 pour des expertises balistiques, qui estiment que la zone de tir "la plus probable" est un site où se trouvait un camp hutu, mais sans pour autant formuler de conclusion sur l'identité des tireurs.

En matière de justice toujours, la France a longtemps traîné pour arrêter et juger les génocidaires présumés vivant sur son sol. En mars, toutefois, Pascal Simbikangwa, un ex officier rwandais, a été condamné à 25 ans de prison pour son rôle dans le génocide.

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