Un père de famille de 39 ans, sans antécédents judiciaires, sera jugé à partir de mardi devant les assises de Haute-Loire pour avoir séquestré, drogué, violé et tué une lycéenne de 19 ans, Gala Mulard, en mars 2012.
Alain Delannoy encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Tôt soupçonné, il avait de lui-même conduit les gendarmes au corps de la jeune fille, dissimulé par des branches de sapin près d'un chemin forestier.
La jeune fille, élève en BEP de soigneur de chevaux au lycée agricole d'Yssingeaux (Haute-Loire), avait disparu le dimanche 25 mars 2012 après une soirée passée avec trois hommes dont l'accusé, qui l'avait raccompagnée. Le surlendemain, Alain Delannoy avait reconnu l'avoir emmenée chez lui de force pour la violer, décrivant une longue nuit de sévices suivie d'une journée où la lycéenne était restée seule, droguée, attachée et bâillonnée.
Le lundi soir, pris de panique devant les convulsions de Gala, brûlante de fièvre, il lui avait fait prendre un long bain. Puis il avait décidé de la tuer "pour cacher sa folie", avait-il raconté aux enquêteurs. A la seringue, il lui avait injecté un cocktail de médicaments puis l'avait ligotée. La veille, il lui avait administré un anxiolytique et un puissant neuroleptique pour "ne pas la faire souffrir" pendant qu'il la violait.
Alain Delannoy, qui avait bu et fumé du cannabis pendant toute la nuit, avait dissimulé la lycéenne dans deux housses de couette et l'avait chargée dans son coffre, avant de l'enterrer dans un bois où il a conduit les enquêteurs.
"Descente aux enfers"
Selon l'autopsie, Gala a succombé à une intoxication aux médicaments, "potentialisée" par les liens qui l'avaient asphyxiée et par un choc crânien. Son agresseur lui avait cassé une bouteille sur la tête, avant de nettoyer la plaie pour lui faire un bandage. Faute de débat sur les faits et leur qualification, non contestés par la défense, l'enjeu du procès au Puy-en-Velay sera de comprendre ce déchaînement de violences chez un homme qui n'avait jamais fait parler de lui, et de déterminer sa peine.
"Poli, courtois et disponible", selon ses proches, "délicat et respectueux", selon une ancienne compagne, il passait aussi pour "fragile", en raison de sa toxicomanie, et "violent" lorsqu'il associait drogues et alcool. Alain Delannoy, marqué dès l'enfance par l'alcoolisme de ses parents et la violence de son père - soupçonné d'inceste sur toute la fratrie -, avait connu les drogues dures et la rue pendant plusieurs années. Mais à 22 ans, il avait rencontré sa future épouse dans un foyer, s'était sevré et avait enchaîné les missions en usine, puis les boulots au noir dans des exploitations agricoles, pour élever ses deux fils, aujourd'hui âgés de 13 et 15 ans.
Cette vie de famille avait volé en éclats à la séparation du couple. Handicapé par une hépatite C, Alain Delannoy avait recommencé à boire et à fumer du cannabis et s'était enfoncé dans la dépression. A l'époque des faits, il venait d'être licencié. Analysant son parcours, l'expert-psychiatre a parlé de "progressive descente aux enfers", voyant dans le meurtre de la lycéenne le point d'orgue d'une "lente destruction". Pour sa consœur psychologue, Delannoy avait agi en pleine "confusion psychique", projetant sur Gala son ressentiment contre son ex-épouse, qui le menaçait de le priver de ses fils.
Le verdict est attendu vendredi.