L'Auvergne compte de moins en moins d'éleveurs ovins et par conséquent, de moins en moins de moutons. Pour essayer d'endiguer cette baisse et de créer des vocations, les professionnels de la filière ont invité les élèves des lycées agricoles du Puy-de-Dôme à visiter des élevages ce jeudi.
"Demain j'élève des brebis .. j'en vis", c'est l'un des slogans mis en avant par les professionnels de la filière ovine pour entamer leur "reconquête". Et comme rien ne vaut l'exemple, ce jeudi, ils ont convié des élèves des lycées agricoles du Puy-de-Dôme à visiter des élevages de moutons pour se faire une idée.Certains, comme Alexandre, se laissent convaincre : "ce sont des animaux que je n'aimais pas à la base. Avec l'école, j'ai découvert ce stage en production ovine qui m'a tout de suite plu. Ce sont des animaux plus faciles à manipuler et au départ il y a des investissements moindres."
Mais cette bonne volonté ne doit pas cacher les difficultés d'une telle conversion. L'élevage bovin prédomine largement en Auvergne : c'est même un incontournable pour la plupart des élèves des lycées agricoles. Solène, par exemple, reste sceptique devant les moutons : "C'est pas forcément une bête qui me passionne" explique la jeune fille, "je suis plus passionnée par l'élevage bovin."
Une filière peu populaire malgré ses atouts
Le cheptel de brebis en Auvergne compte 380.000 têtes pour 1600 éleveurs, mais chaque année 2% d'entre eux partent à la retraite et leurs exploitations ne sont pas reprises. Pour Laurent Poumerol, l'éleveur de Charensat qui accueillait les lycéens, ce désintérêt des jeunes peut s'expliquer par l'aspect très manuel de ce métier."Le risque, c'est de ne pas pouvoir fournir la totalité des filières et de devenir une production marginale, ce qu'on ne veut pas du tout" déplore Claude Font, le président de la section régionale ovine et co-organisateur de l'évènement. Pourtant, selon lui, la filière ne manque pas d'arguments pour attirer des jeunes : "Tous les feux sont au vert en terme de prix puisque les agneaux se vendent bien actuellement, ça n'est pas seulement l'effet Pâques. Et la politique agricole commune est très favorable pour l'herbe et la production ovine."
Ceux qui ont "grandi dans le mouton" en sont conscient, comme Anthony, élève au lycée agricole de Gelles: "depuis tout gamin, ce sont des bêtes qui m'ont toujours plu, des bêtes dociles. C'est un métier où il commence à y avoir beaucoup moins de monde qui s'installe, donc c'est un métier d'avenir."
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Reportage : Pascale Félix et Maurice Tiouka. Intervenants : Solène Paulet (Elève au Lycée de Breuil/couze), Claude Font (Président de la section régionale ovine et Co-organisateur), Anthony Moralès (Elève au lycée agricole de Gelles)