Ils sont quelque 350 pratiquants dans le bassin stéphanois. Des "chevaliers", c'est le terme, qui pratiquent encore la sarbacane. Un jeu aux origines mystérieuses. A Saint-Etienne, la pratique en est attestée depuis au moins 1774. Samedi, un concours intersociété se tenait à St-Prriest en Jarez.
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avec les interviews de :
Edward Wisniewski : Président du comité départemental des jeux de sarbacane de la Loire, Annie Pokorn
Secrétaire du comité départemental
Ce jeu ancien est une tradition du patrimoine stéphanois. Il est pratiqué seulement à Saint-Étienne et dans les communes environnantes. Il permettait aux mineurs d'expectorer les traces de charbon de leurs poumons.
La plupart des associations ont été créées pendant la première moitié du XIXe siècle. Cependant on retrouve trace de sociétés beaucoup plus anciennes. Une lettre adressée au préfet en août 1868 indique que la société dite « Sarbacane » rue Croix Courette à Saint-Étienne, a été fondée en 1774. Une autre aurait été fondée en 1779. Le plan cadastral de 1793 laisserait apparaître deux emplacements de tir à la sarbacane.
Un jeu d'ouvriers et de mineurs
Le tir à la sarbacane est surtout pratiqué par des travailleurs manuels (armuriers, passementiers, teinturiers, ...) et pas uniquement, comme on le pense trop souvent, par les ouvriers mineurs, et ayant chacun leurs Jeux. (Le mot Jeux est ici employé pour désigner l'endroit où l'on pratique le tir à la sarbacane). En 1855 les mineurs ne représentaient que 6 % seulement des pratiquants sur 1 466 joueurs. En fait, la masse des pratiquants est représentative du tissu ouvrier du bassin stéphanois. On ne se rencontrait pas beaucoup entre Jeux, certains étant plus riches que d'autresLes jeux, de par leur appellation ressemblent beaucoup à des confréries ou au compagnonnage maçonnique. On trouve: La Fraternité, Les Francs Amis, La Gaieté, La Franche Loyauté, Les Amis réunis, etc. Les sociétés prendront aussi une appellation faisant référence au lieu de leur siège social: Jeu de la Sauvanière, Jeu des barques, Jeu du Champrond, etc. La notion d'entraide est très forte.
Un sport ouvert aux femmes et aux jeunes depuis les années 70
Les adhérents sont appelés chevalier et les dirigeants sont hiérarchisés par leur titre : capitaine, équivalent aujourd'hui au président, trésorier. Conseiller, secrétaire, prévôt, plus particulièrement chargé de la discipline, etc. On retrouve ces grades et appellations dans les compagnies de tir à l'arc traditionnel.Aujourd'hui les règlements se sont beaucoup assouplis. Les concours sont ouverts aux femmes depuis le début des années 1970 et aux jeunes à partir de 10 ans depuis 1989 seulement. Il n'est pas rare maintenant de voir, dans les concours, des familles entières venir se mesurer dans une ambiance décontractée mais sérieuse.
À ce jour, 10 associations sont adhérentes au Comité départemental. Cela représente quelque 350 pratiquants plus ou moins assidus. Parmi ceux-ci il faut compter 135 compétiteurs engagés dans le championnat.