Entre météo maussade et embargo russe, les agriculteurs auvergnats sont inquiets

La pluie très présente réduit fortement la qualité des blés, tandis que la nouvelle de l'embargo décidé par la Russie met en péril le cours de la viande, notamment. Entretien avec Sébastien Gardette, Président de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme

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Sandrine Montéro : Quelles répercussions cette météo pluvieuse a-t-elle eu sur les récoltes ?
Sébastien Gardette : Il y a deux niveaux de répercussion, en fonction que l’on se trouve en zone d’élevage ou de grandes cultures. Pour ces dernières, on connaît de grands problèmes de germination sur le blé. L’humidité très présente a fait germer le blé sur pied, ce qui va poser des problèmes de qualité. L’année est bonne en terme de quantité…mais c’est vraiment la qualité, et notamment la capacité à transformer le blé en pain, qui va poser problème.

S. M. : Ca signifie qu’il sera déclassé ?
S. G. : Il est déclassé en grande partie pour être utilisé pour l’alimentation des animaux.

S. M. : Les éleveurs aussi vont souffrir de cette météo pluvieuse ?
S. G. :Un certain nombre d’agriculteurs qui sont situés dans les zones de montagne ont des difficulté à récolter leur fourrage, faute de « fenêtre » de récolte suffisante (au moins 4 jours) pour pouvoir travailler correctement dans les champs. Le sol est trop humide, il ne porte pas, et il est parfois impossible de pénétrer dans les parcelles. Moi je connais des agriculteurs qui n’ont pas encore fait, aujourd’hui, un hectare de foin. Et ils ne savent pas comment ils vont faire pour alimenter leurs troupeaux cet hiver. La constitution des réserves pour l’hiver est en jeu.

S. M. : L’embargo russe, sur les produits alimentaires européens, mis en place par poutine dans le cadre de la crise en Ukraine pose également de gros soucis. On sait notamment que des stocks de lentilles du Puy, entre autres, sont bloqués à Moscou. Hormis les lentilles et les produits laitiers, est-ce que d’autres activités agricoles en Auvergne pourraient faire les frais de cet embargo ?
Sébastien Gardette, président de la Chambre agriculture du Puy-de-Dôme

S. G. : Directement, non, car nous avons très peu de productions auvergnates exportées directement sur la Russie, mais, en revanche, ce sont les effets indirects de cet embargo qui peuvent se répercuter sur nos productions, et sur leur prix. Par exemple, nous avions des exportations assez régulière d’animaux vivants reproducteurs sur la Russie, en provenance de cheptels du Puy-de-Dôme ou de l’Allier, par exemple. Ces exportations vont cesser, ce qui peut poser problème. Et, puis…indirectement…du porc qui ne sera plus importé par la Russie en provenance d’Allemagne ou de France, entraînera une baisse des cours de la viande porcine , du fait de la baisse des volumes exportés, suite à saturation du marché.

S. M. : La production européenne va prendre des mesures exceptionnelles pour soutenir les producteurs de pêches et de nectarine. Cela vous rassure-t-il, et faut-il, ainsi, aider d’autres secteurs ?

S. G. : Oui, on peut imaginer des aides similaires sur le lait et la viande, même si cela ne peut s’envisager qu’à court-terme. Et on ne connaît pas la durée de l’embargo aujourd’hui. Ca laisse un certain nombre d’incertitudes, liées à l’organisation du commerce mondial aujourd’hui, qu’il faut pointer du doigt.
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