Petite soeur de la prestigieuse "fluv'" de la préfecture de police de Paris, la Brigade Fluviale de Lyon veille sur le Rhône et la Saône depuis 10 ans, dans une ville qui a redécouvert son fleuve et sa rivière.
En ce début août, la petite vedette de la Brigade Fluviale de Lyon, un Merry-Fisher, file sur les eaux du Rhône, inhabituellement gonflées en cette période de l'année par un début d'été trop pluvieux.
La veille, le fleuve a charrié le cadavre d'un jeune homme découvert dans les eaux baignant l'éco-quartier de Confluence. Vingt-quatre heures auparavant, c'était le corps inanimé d'un homme d'une cinquantaine d'années qui était repêché par les pompiers.
Deux macabres découvertes coup sur coup qui, a priori, ont tout du hasard. Mais accident, suicide ou agression qui aurait mal tourné, la police n'écarte à chaque fois aucune piste.
Des "macchabées" dans l'eau, le major Serge Bonnet, pilier de la Brigade fluviale, en a vu plus souvent qu'à son tour. Une année, il en a repêché jusqu'à 22 - "une vraie épidémie" - dont une probable victime de règlement de comptes, retrouvée pieds et poings liés dans un sac en plastique avec deux balles dans la tête.
Les morts violentes ne constituent pas cependant l'ordinaire du major Bonnet et des dix autres fonctionnaires qui composent la Brigade Fluviale du Rhône.
Loin de là. Pour ces policiers, les missions du quotidien relèvent d'abord du traditionnel maintien de l'ordre sur et autour des cours d'eau qui, il y a 10 ans, n'intéressaient pas grand monde.
2004-2014: 10 ans d'existence
Il a fallu qu'un "taulier" débarque de Paris, où la prestigieuse "Fluv'" (une centaine d'hommes et un statut de brigade de police régionalisée) existe depuis1900, et s'étonne de l'absence d'une telle unité entre Saône et Rhône, pour que Lyon se trouve dotée d'une brigade nautique. A l'instar de Marseille et Bordeaux en province.
Bien lui en a pris car dans le même temps, Lyon comme d'ailleurs Paris, a redécouvert son fleuve et sa grande rivière, réaménageant ses berges le long du Rhône puis de la Saône, et faisant sortir tout un nouveau morceau de ville à la confluence des deux cours d'eau.
Un regain d'activité (baignades interdites, débordements alcoolisés, etc.) qui justifie aux yeux des autorités cette présence policière sur l'eau.
Depuis le début de l'année, la Brigade Fluviale a contrôlé 1.879 personnes, 309 bateaux et effectué trois assistances à personne en danger.
Sans compter les matches de football ou les manifestations culturelles, comme la Fête des Lumières et le 14 juillet, où la brigade est aussi mobilisée.
"En 2004, les gens étaient surpris", glisse le major Bonnet qui depuis a noué de solides relations de confiance avec le petit monde du fleuve où évoluent mariniers, croisiéristes, plaisanciers ou jet-skis.
"Les principaux soucis interviennent avec les plaisanciers, l'été. Ils ne respectent rien, croient savoir tout sur tout", confie le policier qui estime que son job
se partage de façon égale entre prévention et répression. "La plupart (des plaisanciers, ndlr) ne sont pas tous comme ça", tient-il d'ailleurs à préciser.