Depuis 2011, 27 entreprises auvergnates ont perdu 14,5 millions d'euros, victimes de faux ordres de virement à l'étranger

Les escroqueries ou tentatives d'escroquerie par Faux Ordres de Virement à l'International ne cessent d'augmenter depuis trois ans. Les grands groupes ne sont plus les seules victimes. Les TPE-PME sont la nouvelle proie de ces arnaques. En Auvergne, 27 sociétés en ont fait les frais. 

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En février dernier, la société Gédimat, à Clermont-Ferrand, a failli perdre gros. Elle a échappé du peu à une escroquerie qui aurait pu lui faire perdre 478 000 euros. Alors que le dirigeant de l'entreprise est en déplacement à Paris, sa comptable est contactée au téléphone par un avocat, un certain maître Montagne, avant de recevoir des instructions du PDG lui-même. Philippe Jarrier, le PDG de Gédimat raconte: "Notre comptable a reçu un certain nombre de mails qui venaient, soi-disant, de moi pour réaliser une opération importante dans une reprise d'affaire".
 
Une fois le poisson ferré, tout s'enchaine très vite. Les appels et les mails se succèdent et, en quelques heures, la comptable est prête à faire le virement. Rien ne lui parait suspect. Les escrocs n'ont commis aucune erreur. "Je pense que ça faisait des mois qu'ils devaient nous observer car, pour demander une somme comme ça, il faut être sûr de son coup", poursuit Philippe Jarrier.
 
Finalement, avant de valider le transfert d'argent vers un compte à l'étranger, la comptable prend son téléphone et appelle directement son patron. Un geste salvateur qui permet de déjouer l'arnaque. Mais d'autres sociétés ont eu moins de chance.
 
Depuis plusieurs années, le phénomène s'amplifie et n'épargne aucun territoire. Les tentatives d'escroquerie par virements à l'international sont de plus en plus nombreuses. En Auvergne, depuis 2011, 27 sociétés ont été attaquées de la sorte. Le préjudice total s'élève à 14,5 millions d'euros. A elle seule, l'entreprise Michelin a été ciblée une vingtaine de fois, sans jamais se faire avoir. Mais l'histoire ne connaît pas toujours une fin heureuse. "Deux abattoirs de viandes bovines, dans l'Allier, ont viré respectivement 161 000 euros à Chypre et 185 000 euros vers le Liechtenstein", raconte Pascal Duthilleul, chef du pôle financier du SRPJ de Clermont-Ferrand, "une autre entreprise, commercialisant des matériaux de second œuvre pour le bâtiment, a viré 537 000 euros vers la Pologne", poursuit-il.
 
La sensibilisation comme outil de prévention
 
Pour se prémunir des FOVI, pour Faux Ordres de Virement International, "il est important pour les entreprises de sensibiliser leurs cadres", explique Pascal Duthilleul. Les services de comptabilité, mais aussi les secrétaires et les standardistes, sont généralement contactés par l'escroc dans la phase d'ingénierie sociale. C'est la phase préalable durant laquelle les personnes malveillantes se renseignent sur l'entreprise en source ouverte et par le piratage informatique pour, le moment venu, être crédible au téléphone.
 
Ces trois dernières années, sur le territoire national, plus de 700 escroqueries ou tentatives par FOVI ont été recensées par l'Office Central pour la Répression de la Grande Délinquance Financière. Le préjudice total représente 255 millions d'euros pour 360 sociétés victimes. L'argent est transféré vers des comptes bancaires localisés en Chine, Pologne, Liechtenstein, Chypre, Dubaï ou encore Taïwan. Parfois, l'identité des escrocs est même connue des services de police. "Ils agissent depuis des pays qui ne collaborent pas forcément avec les services de police, notamment Israël", explique Pascal Duthilleul, "ils connaissent les limites de la coopération internationale et ils en jouent bien".

Et les particuliers ?
Réponse de Pascal Duthilleul, chef de la Division Economique et Financière du Service Régional de Police Judiciaire à Clermont-Ferrand
Les particuliers peuvent être touchés par des escroqueries incluant des faux ordres de virement. Il y a notamment l'escroquerie à l'assurance-vie. Dans ce cas, l'escroc se fait passer pour un avocat et il appelle une personne en deuil pour lui faire croire que le défunt a souscrit une assurance-vie. Mais pour percevoir cette assurance-vie de l'ordre de 250 000 euros en général, il y a lieu, préalablement, d'ouvrir un compte en Suisse et d'y verser les cotisations d'assurance impayées par le défunt et les honoraires de l'avocat, environs 15 000 à 20 000 euros. Un autre mode opératoire fait des dégâts: c'est le piratage de messagerie. Les escrocs collectent ainsi les pièces jointes que nous laissons trop souvent dans nos messageries, notamment des RIB, des justificatifs ou des pièces d'identité scannées qui permettent l'ouverture de comptes bancaires à l'étranger.

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