Deuxième jour du procès en appel du violeur et meurtrier présumé d'Agnès Marin devant la cour d'assises pour mineurs de Riom (Puy-de-Dôme). Un procès au cours duquel les avocates de l'accusé veulent montrer de lui un autre visage, "pas celui d'une bête humaine".
Un an après un premier procès qui s'était conclu sur la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité de Matthieu, c'est dans le secret que la justice va une nouvelle fois se prononcer sur la culpabilité du violeur et meurtrier présumé d'Agnès Marin.
Lundi, la cour d'assises pour mineurs de Riom a décidé que ce procès en appel se tiendrait dans un huis-clos total, provoquant la colère et l'agacement de la famille Marin et de son défenseur, Me Francis Szpiner qui évoque une justice rendue "dans la clandestinité".
Cette "publicité restreinte" autour du procès en appel de Matthieu permettra-t-elle au jeune homme d'être davantage coopérant qu'il ne l'a été au Puy-en-Velay en juin 2013? En tout cas, ses deux avocates affirment qu'il aurait "une volonté d'être plus actif dans son procès". Me Joëlle Dièze insiste sur l'emploi du conditionnel. "En première instance, il avait paru assez indifférent", reconnaît-elle, mais "il a indiqué là qu'il souhaitait participer à son procès, qu'il souhaitait s'expliquer".Il a indiqué là qu'il souhaitait participer à son procès, qu'il souhaitait s'expliquer. - Me Joëlle Dièze, avocate de Matthieu
Le concours de l'accusé apparaît comme indispensable s'il veut espérer une reconsidération de sa peine: la réclusion criminelle a perpétuité. "C'est une peine qui n'a jamais été prononcée pour un mineur, en France, à l'exception d'un cas qui était celui de Patrick Dils, il a fait ensuite l'objet d'un procès révision et a finalement été acquitté", dit Me Isabelle Mimram bien décidée à montrer son client sous un autre visage.
C'est un devoir de la justice de savoir que faire de ce genre de personnage. - Me Isabelle Mimram, avocate de Matthieu
L'avocate appelle la justice à son devoir envers le jeune homme, mineur au moment des faits (en 2011). "C'est un devoir de la justice de savoir que faire de ce genre de personnage", poursuit-elle, considérant que l'enfermement à vie n'est pas la bonne réponse. Il est nécessaire, selon elle, "d'obtenir une peine qui préserve une possibilité d'avenir, c'est-à-dire une possibilité de soins, une possibilité d'amélioration". "On ne peut pas se contenter de dire que ce jeune garçon est un monstre et l'éliminer, ça n'est pas pensable", dit le conseil. Me Joëlle Dièze enchaine derrière sa consœur: "On va essayer de le montrer non pas comme une bête humaine mais avec ses véritables problèmes".
Les deux avocates de Matthieu entendent "bien faire jouer l'excuse de minorité", avec l'espoir de pouvoir faire entendre, "à la lueur des nouveaux témoignages, des nouvelles auditions de témoins" qui est vraiment ce jeune homme.
Rappel des faits
Le 18 novembre 2011, le corps carbonisé d'Agnès Marin, 13 ans, élève de troisième au collège-lycée Cévenol, établissement privé du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), est retrouvé dans une forêt sur les indications de Matthieu, placé la veille en garde à vue. Outre des violences sexuelles, l'autopsie avait révélé 17 coups de couteau. Elle est morte deux jours plus tôt.Il avait rejoint le collège Cévenol dans le cadre d'un contrôle judiciaire strict après quatre mois de détention provisoire pour le viol d'une camarade de 15 ans dans le Gard, un an plus tôt.