L'enquête préalable d'utilité publique menée sur le projet d'un nouvelle départementale pour rejoindre Amplepuis depuis l'A89 conclut à un avis "défavorable". Le commissaire enquêteur estime que le tronçon choisi (4,1 km) entre Joux et "les Sauvages" s'avérerait dangereux, notamment en hiver.
C'est un avis très complet que vient de rendre le commissaire enquêteur chargé de mener l'enquête préalable d'utilité publique sur le projet d'une nouvelle route départementale pour relier Amplepuis à l'A89 depuis Lyon.
Le département du Rhône entend construire une nouvelle route entre l'A89 et la commune d'Amplepuis (Rhône) pour raccourcir le temps de parcours. L'itinéraire qui emprunterait le tracé de l'ancienne voie romaine, est l'objet d'un vif débat entre les "pour" et les "contre". La fréquentation de cet axe par les poids-lourds, notamment en hiver, focalise aussi l'hostilité au projet même si le département entend l'interdire aux camions de plus de 19 tonnes.
Les riverains des communes de Joux et des Sauvages contestent particulièrement l'utilité du projet : Une seule chaussée de 4 km, aménagée sur deux voies (2 x 3,25 m), située précisément entre la RD21 et le giratoire de Joux.
Mr Gaston Martin, le commissaire enquêteur, souligne d'emblée que les règles de concertation préalable avec les deux communes concernées n'ont pas été respectées, créant "un climat de suspicion". Il souligne ainsi avoir recueilli plus d'un millier de pétitions défavorables au projet contre une centaine "pour".
La synthèse conduit le commissaire enquêteur à rendre lui-même un avis défavorable compte tenu des caractéristiques du tracé choisi .
- Traversée du Bourg "Les sauvages" rendue plus dangereuse - Risque accidentogène particulier avec la circulation régulière d'engins agricoles - Accès maintenu aux exploitations - Nuisances accrues
- La nouvelle voie présente une pente forte (10% sur 3200 mètres) plus prononcée que la RN7. Un type de voirie que le Commissaire enquêteur compare à la "tristement célèbre côte de Laffrey". Une inclinaison jugée supérieure aux normes de sécurité routière habituellement admises.
- Inconvénients d'ordre climatique : Le secteur est exposé aux aléas et réputé hostile à cause de la neige, du verglas et du brouillard en hiver. Le département n'en ferait pas un axe prioritaire pour le déneigement.
"10 millions d'euros"
S'agissant du coût, le commissaire enquêteur émet aussi de sérieuses réserves sur le montant global des travaux, annoncé pour "10 millions d'euros" : "Un arrondi qui n'inspire guère confiance", estime Mr Gaston Martin qui rappelle le fâcheux précédent du Musée des confluences, déjà réalisé sous la maîtrise d'ouvrage du Département du Rhône. Il estime que le coût du chantier pourra difficilement être maîtrisé. Il conclut que "l'allocation de dépense d'argent public proposé ici n'est pas pertinente".Le commissaire enquêteur évoque enfin plusieurs alternatives qui mériteraient un examen plus poussé. Il souligne en effet que des solutions plus pratiques existent, moyennant des aménagements. Selon lui, le gain de temps avancé ici pour justifier la construction de ce nouveau tronçon est négligeable au regard des risques particuliers qu'il ferait courir à ceux qui l'emprunteraient.
L' Acrosa (Association contre le projet de route des Sauvages à l'A89) se réjouit de "ce rapport sans appels". Il déplore que la présidente du Conseil général du Rhône veuille absolument soumettre ce projet à l'assemblée départementale le 20 février prochain , "dans l'urgence, avant les prochaines élections" .