L’ADAPEI 43 envisage de fermer deux structures qui accueillent une soixantaine d’enfants et d’adultes handicapés. Les bâtiments ne seraient plus aux normes.
Roger Jarlier a un fils handicapé de 36 ans, atteint d’une maladie génétique rare, et il est très en colère.
Il a même écrit au Président de la République et lancé une pétition avec d’autres parents.
Il y a quelques jours, il a appris par la presse, le transfert du Foyer d’Accueil Médicalisé où son fils est pris en charge depuis plusieurs années.
Il serait question de fermer car l’établissement de Bergoide à Vergongheon (Haute-Loire) n’est plus aux normes selon l’Agence Régionale de Santé et le Conseil Départemental qui assurent le financement du site.
Une soixantaine de personnes handicapées sont actuellement accueillies dans un grand parc en pleine nature et dans plusieurs bâtiments, ancienne propriété des houillères, au sein du Foyer pour adultes et de l’Institut Médico Educatif destiné aux jeunes handicapés mentaux de moins de 20 ans.
«Par exemple, chaque chambre n’a pas sa propre douche, mais quelle importance puisque la plupart des personnes ici ne sont pas capables de faire elles-mêmes leur toilette, c’est le cas de mon fils Fabien », explique Roger.
Adjoint au maire, il voit bien-sûr les conséquences pour sa commune : le Foyer et l’IME gérés par l’ADAPEI de Haute-Loire représentent une soixantaine d’emplois (éducateurs, enseignants, personnels de service…), probablement le premier employeur sur place, mais c’est avant tout en tant que père qu’il s’offusque :
« Ces enfants sont en situation psychologique très fragile, on va les déplacer comme du bétail qu’on amènerait d’un pré à l’autre ! ».
Confronté à la (relative) vétusté des locaux, l’ADAPEI a répondu à ses tutelles en proposant de transférer les adultes à Langeac, à une quarantaine de kilomètres de Vergongheon, au foyer de La Chalède où il y a des places disponibles.
Cela pourrait se faire avant fin 2016.
Quant aux handicapés plus jeunes, ils iraient à Brioude dans un nouvel IME qu’il reste à construire.
Pour eux, le transfert ne se ferait pas avant 2017 dans le meilleur des cas.
Cette solution serait moins coûteuse qu’une mise aux normes de l’actuelle structure de Bergoide.
« Nous ne pouvons que suivre les directives de nos financeurs », explique la directrice générale de l’ADAPEI 43 qui ne voit dans ce transfert que des conséquences bénéfiques pour les personnes handicapées.
« Les enfants iront dans un établissement neuf, les adultes seront pris en charge à Langeac dans un établissement en adéquation avec le projet de l’ADAPEI ».
Roger, le père de Fabien, ne l’entend pas ainsi :
« A Bergoide, c’est leur maison, ils y sont depuis longtemps pour la plupart. On va les déplacer pour un prétexte économique, des économies on peut en faire ailleurs que sur les enfants en situation de handicap, c’est une honte, vraiment c’est une honte ! ».
Le personnel des deux structures concernées n’a pas souhaité s’exprimer pour l’instant, par peur de représailles, nous a dit un salarié, convoqué la semaine prochaine pour un entretien individuel comme ses collègues.
Voulant rester anonyme, lui aussi dit avoir été informé par la presse avant confirmation par la directrice de l’ADAPEI.
« Les décideurs, Agence Régionale de Santé et Département, veulent fermer à cause de la vétusté des locaux et de certains dysfonctionnements. Il n’y aurait pas de suppression d’emploi, mais nous sommes inquiets. Que se passera t-il s’il y a des doublons de postes avec le foyer d’accueil médicalisé de Langeac par exemple ? Et puis, la plupart des salariés vivent dans le bassin de Vergongheon, il va leur falloir faire des kilomètres en plus tous les jours pour aller au travail, avec des frais supplémentaires ».
Le personnel est dans le flou mais considère la fermeture comme inéluctable.
Une réunion avec les familles concernées est prévue ce jeudi à 14 heures à Vergongheon, elle risque d’être animée.
« Ces enfants sont en situation psychologique très fragile, on va les déplacer comme du bétail qu’on amènerait d’un pré à l’autre ! », dit le père de Fabien, pris en charge à Bergoide depuis 20 ans.