Le film "Barbie" est sorti ce 19 juillet en France. Si la pin-up a été créée aux États-Unis en 1959, elle a passé une partie de sa vie dans l'Ain, à Oyonnax. Dans les années 1980, Mattel décide de sous-traiter une partie de sa production à l'entreprise Viel Plastiques. Toute une époque.
Barbie. C'est cette pin-up à l'américaine, blonde aux yeux bleus, à forte poitrine, avec de grandes jambes. Un idéal de beauté féminine qui a été créé dans les usines Mattel aux États-Unis en 1959 et qui a rapporté près d'1,5 milliard de dollars de vente dans le monde en 2022. Rien qu'en France, ce sont 2 millions de poupées qui ont été achetées en 2022, représentant à elles seules 20% de part de marché du rayon poupées.
On en oublierait que le jouet partage une histoire avec la région Auvergne Rhône Alpes. Dans les années 1980, Mattel fait le choix de délocaliser une partie de la production du jouet en France. Oyonnax, capitale régionale de la plasturgie, devient le berceau de la Barbie made in France.
"Oyonnax est une immense usine à elle toute seule"
"L'entreprise voulait se donner une bonne image d’être un fabricant français ou européen. À l’époque, Édith Cresson, qui était Premier ministre, freinait des quatre fers toutes les importations venant d’Asie. C’était une bonne opportunité pour nous", explique Daniel Viel, président de la société Viel Plastiques (entreprise spécialiste de la transformation plastique), à l'origine de la Barbie française. C'est ainsi que Mattel a posé ses valises à Oyonnax, dans l'Ain, séduit par le projet du dirigeant d'entreprise.
"Vous savez, Oyonnax est une immense usine à elle toute seule", ajoute Daniel Viel.
"On a profité de tous les petits sous-traitants que l’on avait. Par exemple, il nous arrivait 60 moules d’un coup, et on n'avait pas 60 machines chez nous, et donc on sous-traitait dans tout Oyonnax. Finalement, Oyonnax, c'est une immense usine à elle toute seule où l’on retrouve toutes les compétences."
Daniel VielPrésident de l'entreprise Viel Plastiques
L'entrepreneur ne s'attendait pas à être sélectionné. Mais, il a su s'adapter très vite et c'est ce qui, selon lui, a permis de faire la différence. "J'ai réussi à trouver tout ce qui était pour la maintenance des moules, à l'origine américains", explique le PDG de Viel Plastiques. À tel point que l'entreprise est passé d'une vingtaine de salariés à près de 200.
"Autour de nous à Oyonnax, on a fait travailler au moins 450 personnes et ça pendant plusieurs années", conclut Daniel Viel, qui a participé à l'aventure Barbie durant près de neuf ans (de 1979 à 1988). Il a notamment conçu le jardin d'hiver de la poupée, avant de vendre les droits à Mattel.
Une histoire de génération
L'entreprise a fabriqué des millions de Barbie, mais aussi d'accessoires comme le camping-car, la jeep... Valérie Poisat s'en souvient très bien. "J'étais quand même privilégiée. J’avais vraiment tous les modèles qui pouvaient sortir. Dès leur sortie d'usine, je pouvais les tester et je m’amusais beaucoup avec mes amies. D’ailleurs, mes amies ont aussi un grand souvenir de cette période", souligne la jeune femme, directrice commerciale de l'entreprise.
Dans la commune aindinoise, beaucoup d'habitants ont eu l'occasion de travailler chez Viel Plastiques. Valerie Poisat ne fait pas exception. La jeune femme a participé à l'assemblage manuel des poupées et accessoires dans l'usine de son père. "A cette époque-là, on pouvait travailler un peu plus jeune que maintenant dans les ateliers. On a des souvenirs avec mes amies d’avoir pu travailler sur les chaînes de montage des camping-cars… On en parle encore régulièrement", ajoute la jeune femme avant de conclure : "j'ai grandi dans l'entreprise".
En 1988, Barbie quitte Oyonnax. Sa production est délocalisée en Chine. L'entreprise Viel a continué à voir la vie en rose en se diversifiant. La société a fêté en 2022 ses 70 ans.