Ce jeudi 4 avril aura été marqué par une nouvelle vague de mobilisation dans l'Education nationale. Dans l'Ain, -département rural-, les projets de Jean-Michel Blanquer sont mal vécus, notamment le rapprochement entre collèges et écoles qui pourrait entraîner une rationalisation des moyens.
Pour la troisième fois en quelques semaines, des enseignants sont descendus dans la rue ce jeudi pour protester contre le projet de loi sur l'école et la réforme du lycée et du bac, une fronde que le ministre de l'Education tente de calmer.
Quelque 400 profs ont défilé à Bourg-en-Bresse, une centaine à Valserhône (Bellegarde), particulièrement des professeurs d'écoles maternelles et élémentaires et des parents d'élèves. C'est dans le primaire que l'appel à la grève, lancé par plusieurs syndicats, a été le plus suivi. Les syndicats évoquaient 50% d'enseignants en grève, sans que l'Inspection académique confirme.
Plusieurs points du projet de loi "pour une école de la confiance", qui concerne essentiellement le primaire, suscitent l'inquiétude de la communauté éducative, dont la création d'établissements publics locaux d'enseignement des savoirs fondamentaux (EPSF).
Cette nouvelle organisation fait craindre la disparition des directeurs d'école, puisque le texte indique que le chef d'établissement "exerce simultanément les compétences attribuées au directeur d'école", assisté d'adjoints "dont un au moins est chargé" du premier degré.
Reportage Franck Grassaud et Marie-Lou Robert
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Les syndicats et enseignants y voient la mise sous tutelle des écoles, sous l'autorité du principal de collège, et la disparition des directeurs d'école, lien entre les familles, les élus et l'école.
Le ministre Jean-Michel Blanquer tente depuis plusieurs jours de calmer ces inquiétudes. Il reçoit les syndicats, avant l'arrivée du projet de loi devant le Sénat (en mai), et a écrit aux enseignants, puis aux directeurs d'école.
Dans sa lettre aux directeurs, le ministre déclare que les EPSF dépendront de "l'accord de la municipalité et du conseil d'école" et reposeront donc sur le volontariat.
Des propos qui ne parviennent pas à rassurer. "Je ne crois pas au volontariat, on finit toujours par imposer des choses", pense Céline, directrice d'une école.
D'autres points du projet de loi suscitent l'inquiétude des syndicats : l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire à 3 ans, qui se traduit par une dépense supplémentaire des communes au profit des maternelles privées, ou la possibilité pour des étudiants en première année de master de remplacer des profs absents.
A Valserhône, une délégation a été reçue par le maire de la ville. L'ancien professeur s'est montré à l'écoute, d'autant qu'il estime que cette scolarisation des enfants dès 3 ans aura "forcément un impact" sur les choix de la municipalité.