Ain: les élus locaux inquiets et souvent désabusés

L'Ain a tenu, ce jeudi 5 juillet, ses Etats Généraux en présence de près de 400 élus du territoire et d'ailleurs. Pour l'occasion, une enquête d'opinion a été dévoilée, elle montre des élus inquiets et critiques envers l'Etat et la réforme.             

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On vous dira que ces États Généraux du Département de l'Ain étaient prévus de longue date. On vous dira qu'il s'agissait simplement de condenser la parole d'élus locaux et de leurs doléances. Mais ce rendez-vous est tombé juste avant le Congrès de Versailles, celui où Emmanuel Macron doit évoquer la réforme des institutions. Le rendez-vous ne pouvait donc être que politique. 

D'ailleurs, juste avant les débats organisés dans l'église de Brou, un point presse a réuni des personnalités politiques venues de partout. Il y avait là les présidents des Départements du Rhône, de la Haute-Savoie, de la Saône-et-Loire, du Jura... et le patron de l'Assemblée des Départements de France, l'ancien ministre LR Dominique Bussereau.  

Les collectivités départementales sont inquiètes car on leur demande de limiter, "une fois de plus", leurs dépenses, alors que leurs obligations, notamment le RSA, sont en constantes progression. 

Des collectivités qui demandent à l'Etat plus de liberté pour travailler ensemble et se compléter quand elles sont voisines (cas de la Savoie et de la Haute-Savoie). Les élus départementaux estiment que leur rôle est primordial depuis que les Régions ont grossi. Il en va de la proximité.  

Reportage Franck Grassaud et Arnaud Jacques

Dans l'Ain, des Etats généraux étaient organisés pour réaffirmer notamment l'importance des collectivités de proximité. Intervenants: Dominique Bussereau, Président de l'Assemblée des Départements de France; Jean Deguerry, président (LR) du Département de l'Ain

Au-delà de ces considérations, les Départements ont l'impression de jouer leur avenir, sachant que certains, comme le Rhône, ont déjà perdu l'essentiel de leur territoire...

Et s'ils devenaient les porte-paroles des élus locaux? comme une courroie de transmission, un facilitateur. C'est visiblement l'idée de Jean Deguerry, le président LR de l'Ain, à l'origine de ces États Généraux. 
 

Quand le Département se fait porte-parole... 

Prééminence des intercommunalités, fusion des Régions, partage de compétences... tout cela commence à faire beaucoup pour les communes qui peinent à trouver leur place dans cette nouvelle organisation politique.

Le Département de l'Ain a donc lancé une enquête d'opinion sur Avril/Mai/Juin 2018, 1027 élus des territoires de l'Ain ont répondu, alors qu'il fallait au moins 40 minutes pour terminer l'étude. Ils avaient donc des choses à dire. 

Les résultats ne laissent guère planer de doutes sur l'état d'esprit général. Les élus se disent globalement mécontents de l'évolution de la réforme territoriale avec précisément, "une perte de substance" pour les communes confrontées à la primauté donnée aux intercommunalités. 

Pour 65,10% des élus interrogés, l'évolution du périmètre d'action des intercommunalités  représente un danger pour l'avenir des communes.  Pour 56% d'entre eux, la fusion des intercommunalités ne doit pas être poursuivie. Leurs communes deviendraient des coquilles vides et perdraient leur identité.  

De la même façon, la fusion des Régions Auvergne et Rhône-Alpes est jugée inutile par 75,18% des élus. Elle n'a pas permis, selon eux, de réelles économies. Elle s'est traduite par une perte de proximité et un éloignement des élus régionaux. De surcroît, la différence entre les deux Régions n'est plus prise en compte. 
 

Regard critique sur le gouvernement

Tout cela dénote une défiance vis à vis du pouvoir central. Pour 72,24% des élus, le gouvernement ne respecte pas les collectivités territoriales, ni les élus locaux. Ils estiment en effet que la baisse des dotations et parallèlement, l'augmentation de leurs compétences les placent en grande difficulté.

En revanche, les élus s'estiment d'abord proches de leur commune, puis de leur intercommunalité, ensuite seulement du Département et de la grande Région. Pour 54,89% des élus,  les relations avec le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes sont jugées satisfaisantes, voire très satisfaisantes. Les conseillers départementaux de l'Ain n'ont pas tout à fait la même perception. 51,35% sont mécontents de la relation entre leur Département et la grande Région. Ils attendent plus de synergie, plus de réactivité et une vraie coopération. 

L'intervention du Département de l'Ain est attendue particulièrement sur quatre dossiers prioritaires: l'économie et les transports pour 60% des élus, l'économie et le numérique pour 50% d'entre eux. La mise en place d'"un guichet unique départemental" pour faciliter les démarches administratives apparaît comme une priorité pour 58% d'entre eux.          

Globalement, la proximité de l'Ain avec Lyon et Genève est plutôt perçue comme une opportunité économique et touristique pour 35% des élus, comme un risque d'absorption pour 7% d'entre eux. 

Enfin, un tiers des élus communaux envisagent déjà de ne pas se représenter aux prochaines élections municipales. 40% ne se prononcent pas sur leurs intentions... Et la plupart (83%) disent ne pas avoir encore identifié de successeur potentiel. Les élus ont donc encore du mal à se projeter dans l'avenir, à moins qu'il ne s'agisse d'une forme de désenchantement dans un contexte moins porteur pour les communes. 
 

Les engagements du Département de l'Ain

- Préoccupation majeure dans ce département: la démographie médicale. "Nous allons mettre autour d'une table tous les partenaires concernés. Nous devons prendre des initiatives fortes sur ce sujet", a promis Jean Deguerry. 

- Multiplication des échanges avec les collectivités locales, voire signature de contrats avec des bassins de vie. 

- Création d'un guichet unique départemental pour avoir un interlocuteur qui facilite les démarches.

- La formation des élus est jugé comme "un enjeu démocratique majeur" et le Département entend aider. 

Enfin, le président du Département de l'Ain a évoqué un rapprochement avec la Métropole de Lyon, le Grand Genève et le Rhône, pour travailler ensemble. 
   
Les modalités de l'enquête d'opinion conduite auprès des élus de l'Ain
Elle a été administrée du 24 avril au 13 juin 2018 auprès d'un panel de 1625 élus du département de l'Ain (Maires et adjoints, présidents d'EPCI et vice-présidents, conseillers départementaux, conseillers régionaux, parlementaires. 1027 ont répondu au questionnaire sur une plateforme "auto-administrée" ,soit 63,20% de répondants. Il n'a été procédé à aucun correctif ou redressement. 

79,97% ne sont adhérents d'aucun parti politique. Les Républicains représentent 11,95% des sondés, la République en Marche 1,35% , l'UDI 1,85%, le Parti socialiste 1,17% 
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