Depuis quatre mois, le Centre hospitalier de Bourg-en-Bresse a mis en place un service à l'assiette pour les patients soignés à l'unité d'hépato-gastro-entérologie et addiction. Une attention qui fait toute la différence dans le processus de guérison: les patients retrouvent le goût de manger.
Oubliez les traditionnels plateaux repas de l'hôpital. Au Centre hospitalier de Bourg-en-Bresse, place aux verrines, aux couverts et aux assiettes colorées à l'heure du déjeuner. Ici, pas de serveurs. Ce sont les aides-soignantes qui font le service.
"A midi, vous allez avoir de la macédoine, du bœuf braisé et des frites, un yaourt et une crème pralinée", annonce l’une d’elle. Réponse sans appel de Jean-Yves, son patient : "Je me sens comme dans un petit restaurant de quartier. C’est bien présenté. Moi je demande ça tous les jours !", plaisante-t-il.
Pour sa voisine de la chambre 46, Marie, même constat : "Ça vous donne davantage envie de manger".
Une présentation qui fait toute la différence
Car tout l’enjeu est celui-ci. "La plupart des patients qui arrivent à l’hôpital ont perdu l’appétit, assure Dr Patricia Prost, hépato-gastro-entérologue. Et cela empire une fois qu’ils sont hospitalisés, que ce soit à cause de la maladie ou de leur traitement."D’où l’intérêt de leur redonner le goût de manger. Le contenu des plateaux n’a pas changé. La nourriture arrive toujours sous blister sur les traditionnels plateaux-repas. Les aides-soignantes les déconditionnent et versent leur contenu dans des récipients plus esthétiques "On y met tout notre coeur!", abonde Sophie, en dressant son assiette.
Pour égayer les plats, Sabrina prend la direction du jardin aromatique. Fleurs de ciboulette, menthe, persil plat ou frisé… Elle y cueille des herbes qui, une fois lavées, feront également office de décoration sur les plats des patients. "C’est la touche finale qui fait toute la différence", dit-elle.
Du personnel formé
Cuisiner en blouse blanche ne s’improvise pas. Le chef cuisinier Benjamin Martinetti de l’Auberge Lentaise et Philippe Berodier, maître d’hôtel, leur ont transmis leur savoir-faire du dressage. "Pour les patients qui doivent manger haché, c’est important de faire en sorte que l’assiette soit appétissante. Du coup, on applique des techniques que l’on a apprises. Par exemple, on forme des petites quenelles, et le tour est joué", explique Sabrina.Cette initiative ne coûte pas un centime à l’Hôpital Fleyriat. Elle a vu le jour grâce à un don de la fondation Roparun. Au total, 3 000 euros ont permis de faire l’acquisition des ustensiles de cuisine.
Des bénéfices pour les patients
Pour le Dr Patricia Prost, il est encore trop tôt pour donner les résultats définitifs de ce projet. Mais les premiers observés sont encourageants. "Certains patients finissent maintenant leur assiette. C’est déjà un grand pas vers la guérison", se réjouit-elle.Car dans son service, près d’un malade sur deux est dénutri. "La perte d’appétit est l’une des causes de dénutrition chez nos patients, avec toutes les conséquences que cela engendre : des complications infectieuses, une moins bonne tolérance aux traitements, de la fatigue, des escarres...".