Hervé Galmiche, chef du restaurant le Verre Gourmand à Bourg-en-Bresse, a poussé un coup de gueule sur les réseaux. En cause: la situation administrative de son apprenti, Hasan Ahmed. Il a fêté ses 18 ans le 4 février. A cette date, il a basculé dans le camp des migrants majeurs et sans papiers.
Hasan Ahmed, originaire du Bangladesh, est arrivé seul en France alors qu'il n'avait que 15 ans. Sa famille a vendu un terrain pour pouvoir payer un passeur et lui permettre de rejoindre l'Europe. Le jeune homme avait choisi la France comme destination finale avec l'espoir d'une vie meilleure et d'un avenir. Un pays qu'il a qualifié de "gentil". Après un bref passage en région parisienne, l'adolescent qui ne parlait pas un mot de français, a été envoyé dans l'Ain, à Bourg-en-Bresse.
Bénéficiant du statut des mineurs étrangers non accompagnés, Hasan a été pris en charge par le Département (le Ddamie). Il était hébergé par une association et scolarisé, au collège puis au lycée. Il a pu ainsi apprendre le français. En septembre dernier, Hasan a même signé un contrat d'apprentissage avec Hervé Galmiche, chef du restaurant le Verre Gourmand et le Cecof. Il suivait également des cours dans ce centre de formation des apprentis situé à Ambérieu. Hasan était le seul apprenti d'Hervé Galmiche. Après plusieurs stages dans ce restaurant bien connu de Bourg-en-Bresse, le jeune homme semblait avoir trouvé son bonheur en cuisine, aux côtés du chef. Motivation et envie de s'intégrer, le maître d'apprentissage ne tarit pas d'éloges à l'égard d'Hasan... L'apprentissage devait lui permettre de décrocher à terme un CAP.
Brutal changement de vie et de situation administrative
Mais le jeune homme a vu sa vie basculer le jour de ses 18 ans. Un brutal changement de vie: Hasan a dû quitter son logement. Son entrée dans la vie adulte marque aussi la fin de son apprentissage et de sa scolarité, faute d'un titre de séjour délivré par la préfecture de l'Ain ou à défaut, d'un récépissé de sa demande. Il lui permettrait de poursuivre son cursus.
En fait, à sa majorité, Hasan, comme de nombreux jeunes migrants aujourd'hui en France, ne bénéficie plus de la protection réservée aux mineurs étrangers isolés. Son sort dépend à présent de l'Etat et donc des autorités préfectorales. Avec l'aide de l'équipe éducative de la Sauvegarde 01, le jeune homme avait pourtant anticipé et fait une demande de titre de séjour voilà déjà six mois. Et si Hasan n'obtient pas de titre de séjour, c'est une OQTF (obligation de quitter le territoire français) qui lui sera délivrée.
En attendant d'être fixé sur son sort, les journées sont longues pour le jeune Bangladais. Ce dernier ne cache pas son désarroi. Hasan a encore du mal à comprendre pourquoi il n'est pas autorisé à travailler, à poursuivre son apprentissage. Le jeune majeur est encore temporairement hébergé à Péronnas, au CHRS, un foyer pour les 18-25 ans géré par l'association La Sauvegarde 01. Mais ce n'est qu'une solution provisoire de très courte durée.
Pour Hervé Galmiche, une telle situation est inacceptable et incompréhensible pour ce chef d'entreprise qui comptait sur le jeune homme. Lors de la signature du contrat d'apprentissage, le restaurateur l'admet, il n'a pas fait attention à la clause mentionnant que la situation administrative du jeune homme pouvait avoir des conséquences sur son autorisation de travail... Mais aujourd'hui, il s'émeut : son ancien apprenti se retrouve "piégé en France, sans papier et sans argent" et risque ainsi de basculer dans la clandestinité, dans la rue. Le chef a poussé un coup de gueule sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Une bouteille à la mer pour une situation qu'il juge inhumaine ...
La préfecture de l'Ain indiquait cette semaine, que la demande de titre de séjour de ce jeune homme est en fin d'instruction.
La préfecture de l'Ain rappelle
les mineurs isolés pris en charge par l'aide sociale à l'enfance avant leur 16 ans peuvent prétendre à un titre de séjour une fois devenus majeur sous réserve de certaines conditions étudiées par l'administration : suivi d'une formation, insertion sociale, avis favorable de la structure d'accueil, état des liens avec la famille restée dans le pays d'origine. Dans le cas d'un refus, les jeunes majeurs ont la possibilité de saisir le tribunal administratif d'un recours. Ils se trouvent en revanche dans une situation ne leur permettant ni de se maintenir sur le territoire, ni d'être employés.