Le groupe cynotechnique des sapeurs-pompiers de l'Ain est heureux d'annoncer l'arrivée de deux futures recrues. Un chiot border collie, un autre malinois. Avec leurs maîtres, Sonic et Sayen vont d'abord beaucoup jouer. Coup de projecteur sur leur formation qui va durer plus de deux ans.

Les deux chiots ont tout juste deux mois. Ils sont nés à un jour d'écart. Sayen, un malinois, provient d'un élevage qui travaille sur les lignées en Saône-et-Loire. Sonic, un border collie, est né dans une ferme en Savoie, et compte déjà dans sa lignée une chienne sapeur-pompier. En ce mois de juillet 2021, les deux mâles ont rejoint leurs maîtresses Marie et Alexandra. Et si tout se passe bien, ces deux nouveaux binômes vont venir étoffer les effectifs du groupe cynotechnique des sapeurs-pompiers de l'Ain. Mais il va d'abord falloir les former, et obtenir le diplôme national de la Sécurité Civile. Un parcours d'un peu plus de deux ans.

"On les rend accros au jeu"

L'expression peut paraitre un peu barbare, mais le jeu est l'élément de base de l'éducation et de la formation du chien afin de développer ses capacités de recherches. Caroline Van der Weiden est vétérinaire, "conductrice" de chien et responsable du groupe cynotechnique des sapeurs-pompiers de l'Ain. Tout en jouant avec sa chienne, elle explique que, dès l'arrivée du chiot dans son nouveau foyer, son maître va énormément jouer avec lui. Prendre une balle par exemple. "On lui montre. Et au fil des séances, le maître s'éloigne, cache son joujou de plus en plus loin, hors de sa vue". Le jeu va permettre au chien de développer son odorat.

Lorsqu'il sera engagé avec son maître sur une recherche de personne en danger, le chien va chercher celle-ci pour qu'elle lui donne son jouet. Avec le vent, il va capter une odeur humaine, va filer tout droit, s'asseoir et aboyer devant la personne pour qu'on lui redonne son joujou.

Au fur et à mesure que le chiot grandit, sa formation s'endurcit. Le jeu devient un moment d'éducation "maison". Les entraînements prennent le relais et une tout autre tournure. En mode professionnel. Jour après jour, le maître se mue dans la peau d'une victime. Et les rôles sont multiples. Homme ou femme. Jeune ou moins jeune. Une personne à rechercher, au comportement varié : elle peut être inconsciente ou désorientée, en train de marcher ou perchée dans un arbre, voire plongée dans l'eau. 

Il faut que le chien s'habitue à chercher toutes sortes de victimes, dans toutes les situations d'intervention.

Il faut compter deux ans et demi de travail et de formation entre le chien et son maître avant que le binôme ne soit opérationnel. Dans le département de l'Ain, les sapeurs-pompiers du groupe cynotechnique sont propriétaires de leur animal. "On les finance nous-mêmes", précise Caroline Van der Weiden. Et sur le terrain, c'est un vrai travail d'équipe.

Des races de prédilection ?

Border collie, malinois, flat-coated retriever sont les races de chien venues remplacer les labradors et bergers hollandais dans le groupe cynotechnique des sapeurs-pompiers de l'Ain. "Le conducteur, le maître a le choix de la race, l'important c'est que les chiens aient des capacités physiques telles que l'endurance, l'agilité, et des capacités olfactives", précise la conseillère technique départementale.

Ce n'est pas comme dans les films policiers. Chez nous, ce ne sont pas des chiens qui pistent mais des chiens qui sont en quête. Pas besoin de renifler un effet personnel... Sa mission est de trouver toute trace humaine sur un secteur de travail.

La formation est lourde et longue. Semaines complètes de stage, séances d'entraînement, plus travail à la maison avec son maître. En plus d'avoir envie de travailler, le chien comme son maître doit avoir une forme physique. "S'il est essoufflé, il perd en capacité olfactive".

À terme, le chien de secours "est capable de fouiller jusqu'à 20 ha de terrain en moins d'une heure". De trouver des victimes prises sous des décombres, une coulée de neige ou encore... sous l'eau.

Des chiens capables de retrouver une victime de noyade

La mission d'une équipe cynotechnique des sapeurs-pompiers, c'est essentiellement la recherche de personnes égarées ou disparues, susceptibles d'être "en danger immédiat". Et le chien doit pouvoir travailler en toutes circonstances : "dans un champ qui borde la route où il faut lever un doute sur une victime d'accident, comme en zone escarpée, sur une motoneige ou en bateau". Bien sûr ce n'est pas une science exacte, mais pour faire simple, il suffit d'un peu de vent et que le chien passe dans le "cône d'effluves".

Le corps humain plongé dans l'eau émet quand même des odeurs qui remontent à la surface. Depuis la berge ou sur un bateau, le chien peut prendre l'odeur dans un courant d'air.

Caroline Van der Weiden le reconnaît elle-même, le travail en unité cynotechnique avec les chiens se révèle passionnant. Dans le cas d'une noyade, c'est au maître de prendre en compte le sens du courant et du vent pour établir la zone d'intérêt du chien. Et ensuite transmettre aux équipes de plongeurs.

Sur le terrain, le travail s'effectue toujours en unité. Il y a un chef et deux binômes. Cela permet de se partager les zones de recherche. De faire des vérifications avec un deuxième chien, des fois que le premier n'aurait pas marqué ou serait dans un jour de moindre forme.

Pas d'âge limite pour la retraite

La carrière d'un chien de secours n'a pas de limite d'âge. "On peut avoir un chien de 8 ans qui a de grosses douleurs et que l'on va mettre à la retraite", explique Caroline Van der Weiden. "Et puis d'un autre côté, un chien de 10 ans qui a toujours envie et le plaisir de travailler, qui a mal nulle part, et qui va pouvoir continuer". Mais chaque année, le binôme est évalué, passe un examen pour rester sur la liste d'aptitude aux recherches et secourisme.

Une fois à la retraite, le chien reste en famille. Et comme dans le département de l'Ain, les sapeurs-pompiers sont propriétaires de leur animal, il en ont souvent plusieurs : le retraité et la future relève. Pour Sayen et Sonic, et leur maîtresse respective, il s'agit d'un tout premier binôme.

À ce jour le groupe cynotechnique des sapeurs-pompiers de l'Ain en compte huit, disponibles pour ces missions spéciales. Et "il y a des résultats". Comme sur cette opération menée en collaboration avec la gendarmerie, datant de la mi-mai 2021. Les sapeurs-pompiers arrivent les premiers sur les lieux. Une unité est engagée sur une recherche de personne à Saint-Maurice-de-Gourdans. Ce jour-là, le chien a traversé un point d'eau à la nage et trouvé un homme immergé jusqu'au cou. La victime a pu être sauvée.

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