Ces derniers jours dans l'Ain, onze personnes ont été placées en garde à vue, et présentées à un juge pour "non-respect répété de l'interdiction de déplacement". Quatre d'entre elles ont immédiatement été incarcérées après jugement.
Les interpellations se sont déroulées entre lundi 6 et mercredi 8 avril. Onze personnes ont été arrêtées dans l'Ain, avant une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse. Elles ont été jugées pour "non-respect répété de l'interdiction de déplacement".
Quatre d'entre elles ont été écrouées à l'issue de l'audience. Deux ont été condamnées à des peines de prison avec sursis.
Après la pédagogie, la verbalisation
Ces sanctions font suite à de nombreux contrôles réguliers opérés par les forces de l'ordre un peu partout dans le département.Dans un communiqué commun, le procureur de la République de Bourg-en-Bresse, Christophe Rode, et le préfet de l'Ain, Arnaud Cochet, rappellent que "le strict respect des règles de confinement est indispensable pour surmonter l'épidémie actuelle. Ces règles impliquent que chacun respecte le principe d'interdiction de tout déplacement, à l'exception des cas listés sur l'attestation de déplacement dérogatoire téléchargeable sur le site du ministère de l'Intérieur."
Le profil des contrevenants
Mineurs, hommes âgés de 25 à 30 ans, femme de plus de 40 ans… Les individus condamnés en début de semaine sont presque tous connus des services de police et de justice."La plupart sont dans l'opposition systématique à toute forme d'autorité, observe Yves Cellier, à la tête de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), également commissaire de police à Bourg-en-Bresse. Ce sont des personnes qui sont dans la bravade, qui font l'acte volontaire de ne pas respecter le confinement. Soit parce qu'elles ne se considèrent pas concernées, soit parce qu'elles estiment qu'elles sont jeunes et que le Covid-19 ne va pas les toucher, ou encore parce qu'elles sont complotistes."
"Un relâchement à la faveur des beaux jours"
Barbecues au pied des immeubles, randonnées dans le Jura… sur les réseaux sociaux, les constats de non-respect du confinement affluent. Mercredi 8 avril, la Police nationale a ainsi publié un tweet faisant part d'une réunion nocturne de "plusieurs personnes confinées dans un bar de Bourg-en-Bresse".[#Covid_19] Les ?♂️?♀️ @PoliceNat01 ont délivré plusieurs personnes confinées dans un bar @Bourg_en_Bresse cette nuit.
— Police nationale de l'Ain (@PoliceNat01) April 8, 2020
Le montant de l'addition: 135€ chacun + 135€ pour l'établissement.
L'apéro, c'est comme le télétravail, c'est à la maison avec modération !#RestezChezVous pic.twitter.com/ZpmCGoDADx
Le même jour, les services de la Gendarmerie de l'Ain ont signalé des "baigneurs" près de la frontière suisse.
#COVID19
— Gendarmerie de l'Ain (@Gendarmerie_01) April 8, 2020
??? Après des randonneurs dans les monts du Jura, contrôle et verbalisation par les?♂️de baigneurs vers les gravières de Pougny ??? !#RestezChezVous @Prefet01 @Departement_AIN @Le_Progres @AraOffcom pic.twitter.com/x9yq5C1ewt
"Sur le terrain, nous avons constaté un relâchement des Aindinois, et particulièrement des Burgiens, à la faveur des beaux jours. Il y a eu cette semaine une surfréquentation des rues par rapport à ce qui avait été observé les semaines précédentes", remarque Yves Cellier.
La semaine dernière, la Ville de Bourg-en-Bresse avait même décidé de fermer son parc de loisirs de Bouvent en prévision du week-end printanier qui s'annonçait, craignant "des promenades non autorisées" pour les "plus indisciplinés".
Le commissaire de Bourg-en-Bresse met en garde les habitants qui seraient tentés de sortir de chez eux pour profiter du beau temps et des douces températures.
"Il est possible que des personnes qui n'ont pas du tout le profil de délinquants se retrouvent en prison. Le meilleur moyen de s'en tenir éloigné, c'est de respecter le confinement", conclut-il.
Une verbalisation à plus de trois reprises dans un délai inférieur à 30 jours constitue un délit désormais passible de 3750 euros d'amende et de six mois d'emprisonnement.