Histoire de l'Ain : quand la ligne de démarcation faisait du Pays de Gex une zone interdite  

La ligne de démarcation ? A Bellegarde-sur-Valserine (Valserhône), elle a longtemps laissé sa trace dans les mémoires. Un  jour de juin 1940, l'agglomération s'est retrouvée coupée en deux. Une partition qui a duré plus de deux ans, faisant du Pays de Gex voisin une zone interdite. 

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Le 25 juin 1940, deux jours après la signature de l'Armistice, une longue frontière balafre la géographie de la France. Courant sur 1.200 kilomètres à travers des départements, des villages, des bois et des champs, la ligne de démarcation partage le pays en deux zones. L'une au Nord, occupée par l'armée allemande, l'autre au sud, dite zone libre, sous l'autorité du gouvernement français replié à Vichy.

De tous les départements qui composent aujourd’hui la région Auvergne Rhône-Alpes, seul le département de l'Ain est concerné par cette ligne de démarcation. Au Nord-Est du département, elle suit le tracé du Rhône puis celui de la Valserine et enserre le Pays de Gex, collé à la frontière suisse.

 

Une zone interdite

 

L'enclave du Pays de Gex est devenu, du jour au lendemain, une zone interdite. L'occupant allemand interdit aux habitants, qui avaient fui au moment de l'exode, de rentrer chez eux… "L’objectif était à terme d'annexer toute la zone au Reich", précise l'enseignant historien Christophe Vyt. "Pendant 6 mois aucun passage n'a été autorisé. Ensuite, les conditions se sont un peu assouplies, il était possible dans certains cas de traverser la ligne, sous réserve de disposer d'un ausweis, une autorisation délivrée par l’occupant à la Kommandantur de Divonne."
 

 

Pour Bellegarde-sur-Valserine, porte du Pays de Gex, la situation est très compliquée. L'agglomération est coupée en deux. La Valserine délimite côté Bellegarde la zone libre, côté Coupy la zone occupée et interdite. Or beaucoup d’ouvriers de Bellegarde habitaient à Coupy.

 

Le viaduc du chemin de fer de la ligne Lyon-Genève était un point de contrôle névralgique où les Allemands étaient très vigilants. Cette situation difficile durera jusqu’en novembre 1942, date où les Allemands occuperont toute la France, Bellegarde y compris. La ligne de démarcation est officiellement supprimée en mars 1943.

 

 

Des familles séparées, une ville coupée en deux

 

Du coup, évidemment, les situations personnelles sont aussi inextricables. Christophe Vyt évoque ainsi l'histoire de ce fils de douanier, adolescent en 40, qui habitait Divonne mais était lycéen à Nantua.

 

Son père l’avait mis à l’abri côté zone libre avant l’instauration de la ligne de démarcation. Mais ensuite, impossible pour lui de rejoindre ses parents. A Noël 1941, il a réussi à passer la ligne en s’accrochant à un câble tendu au-dessus du Rhône !

 

Rapidement, les réseaux de passeurs et de résistants s’organisent. A l’époque de la ligne de Démarcation, les flux clandestins de réfugiés juifs vers la Suisse passaient par le col de la Faucille pour tenter de rejoindre la frontière suisse. Des jeunes hommes ont également passé la ligne et la frontière pour se soustraire à la Relève qui annonçait le STO.

S'il ne subsiste aujourd'hui aucune trace physique de la ligne de démarcation, "elle a longtemps marqué les mémoires des habitants de la région, auxquels elle a causé de grandes difficultés dans leur vie quotidienne", souligne Christophe Vyt.

Il s'agit là d'une part passionnante de l'histoire de la seconde Guerre mondiale, que l'on peut retrouver aussi au musée de la Résistance et de la Déportation de l’Ain, à Nantua, qui a rouvert fin mai au public. 

 

La mémoire

 

De cette ligne de démarcation en pays bellegardien, il en est évidemment question dans le dernier livre publié par le Groupe Mémoire, auquel appartient l'enseignant et historien Christophe Vyt. Son titre ? "La Décennie Sombre, de 1939 à 1949".

 

 

C’est le troisième opus du Groupe Mémoire, créé en 2014 par la commune de Bellegarde. "Nous travaillons sur le fond photographique Jean Allais, qui a été légué à la ville", précise Christophe Vyt. "Un fonds exceptionnel, des années 30 aux années 70, et d'une richesse inouie sur la deuxième guerre mondiale à Bellegarde, puisqu'il recèle même de très nombreux clichés pris par les soldats allemands !". La Décennie Sombre, Editions Mosquito.

 

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