C'est un habitant de Francheleins, dans l'Ain, qui adore les fêtes de fin d'année. On peut même dire que Jordan Houdoux apporte une touche de magie à cette période. Il décore sa maison comme personne. Le soir venu, les passants profitent d'un incroyable son et lumière.
17h30, la nuit n'est pas encore tout à fait là, mais la pénombre donne le top à Jordan. Devant son pavillon de la rue de l'amitié, face à l'impasse de la gaité (faut le faire !), il y a déjà des dizaines de personnes. Derrière les masques, on devine des familles entières. Les tout petits sont aux premières loges.
La sono lance les festivités. La bande son ressemble aux parades de Disney, d'ailleurs le concepteur ne renie pas l'inspiration. Tout en haut du monument qui s'éclaire, un panneau annonce fièrement : "Disneyland Francheleins".
Et c'est parti pour un spectacle d'illuminations de haute volée. Les quelque 40.000 ampoules s'allument les unes après les autres, comme des dominos couchés à vive allure. L'allumage est soigné, au rythme de la musique. Le château est enfin entièrement éclairé, coloré, sublimé. Du travail de pro !
Caché dans un garage garni de cartons de guirlandes et d'autres boîtes à personnages, Jordan Houdoux est devant son ordinateur. Il vérifie les enchaînements. Tout est programmé. Une dizaine de tableaux différents ponctuent ce son et lumière. A chaque fois, c'est un film de Disney qui est mis à l'honneur.
"J'aime bien les noëls kitch !", avoue le trentenaire dans un grand sourire.
C'est ma mère qui m'a donné le goût des illuminations. On en a toujours fait à la maison, j'ai continué ici. Et puis, ma maman est partie il y a 4 ans donc je continue, comme un hommage. Je sais pas si vous avez vu, il y a sa photo tout en haut.
Cette oeuvre, de 12 mètres de large et 9 mètres de haut, a donc des allures de mausolée merveilleux.
En l'observant, on pense d'un coup au facteur Cheval. Ce postier de la Drôme à l'origine d'un palais féérique devenu monument historique. Le temps d'un noël, la bâtisse lumineuse de Jordan est un rêve accompli.
"J'ai pas les moyens de me construire un château, alors je m'en fais un en miniature", reprend ce maçon. Car oui, Jordan Houdoux que l'on imagine ingénieur dans l'informatique, travaille en fait dans la maçonnerie.
Le soir, quand je rentre du travail, je m'y mets. Je commence à réfléchir à la mise en scène au mois de septembre, je fais mon plan de branchements de guirlandes et effets. Vient ensuite la programmation musique/lumière, ça c'est très long, ça me prend pas mal de week-ends.
Il faut aussi découper et préparer les panneaux de contreplaqué qui servent de façades au château. Ces morceaux sont fixés à des ossatures bois, elles-même fixées à la charpente du pavillon. Le montage prend 1 mois et demi.
Toutes les prises sont numérotées. Il y en a 64 au départ mais elles irriguent ensuite d'autres point de raccordement dans le décor. Un circuit électrique infini. "Avant, ça coûtait cher. Aujourd'hui avec les leds ça pompe pas plus qu'un micro-onde." On en doute un peu mais c'est le coût d'une passion.
Une passion dévorante, avouons-le. Les proches en témoignent, et regrettent parfois le temps passé. Côté financier, Jordan explique qu'il a déjà dépensé jusqu'à 3000 euros une année, pour acheter des personnages. Le prix de l'enthousiasme.
"Je ne sais pas si les gens s'en rendent compte, mais c'est aussi un acte généreux. Il veut faire plaisir", raconte un ami.
Jordan Houdoux peut être satisfait. Chaque soir, enfants et parents sont émerveillés par cette parenthèse enchantée. Ce sera ainsi jusqu'au 10 janvier.
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