Le département de l'Ain compte deux cathédrales : celle de Belley et celle de Bourg-en-Bresse. Cette dernière, la co-cathédrale comme l'appelle, vient de se voir attribuer 300.000 euros, au titre du loto du patrimoine. Un don vécu comme un joli cadeau de Noël. Reportage.
L'édifice est l'un des quatre sur douze sites retenus en Auvergne-Rhône-Alpes à recevoir l'enveloppe maximale de 300.000 euros pour sa restauration. Dans l'Ain, les fidèles de la co-cathédrale de Bourg-en-Bresse se réjouissent de cette aide du loto du patrimoine. "C'est un beau cadeau et en même temps, c'est la reconnaissance de ce qu'est ce bâtiment", nous confie le Père Dominique Blot en ce jour de Noël. La veille au soir, 800 personnes ont assisté à la messe de 19h, puis 300 à celle de 22h30. Preuve que la co-cathédrale est toujours un lieu vivant.
"L'urgence, c'est vraiment la charpente et les vitraux"
Une fois les portes de la cathédrale franchies, les problèmes sont rapidement visibles. "C'est souvent qu'on a des flaques et il y en a un peu partout, commente Fabienne Jean-Louis, en nous faisant le tour du lieu. Je pense qu'il y a beaucoup de tuiles qui se sont envolées avec le vent et à cause des cigognes qui viennent se poser. Et du coup, ça a touché le bois de la toiture, la charpente. Et c'est ce qui va être refait, remis en état", précise la présidente de l'association des amis de la co-cathédrale.
Le constat des dommages se poursuit en se déplaçant vers le centre de l'église. "Vous avez tous les vitraux qui vont être démontés. C'est vrai qu'il y en a beaucoup qui sont troués", déplore Fabienne Jean-Louis.
Lorsqu'il pleut ou qu'il y a un fort vent, tout rentre dans l'église et abîme les boiseries. Je crois que l'urgence, c'est vraiment la charpente et les vitraux.
Fabienne Jean-Louis, présidente de l'association des amis de la co-cathédrale
Il faut dire que les traces d'humidité apparentes sont nombreuses. Les boiseries sont "boursoufflées" par les infiltrations d'eau. Les travaux de rénovation s'annoncent coûteux. Quatre millions et demi d'euros ont d'ores et déjà été réunis, auxquels viennent s'ajouter les 300.000 euros attribués grâce au loto du patrimoine.
"Les pierres ici ont une âme"
Fissures, peintures qui s'effacent... "On voit les dégradations", ne peut que constater le père Blot. "Elle a des merveilles cette co-cathédrale. Et quand les peintures seront restaurées, on verra encore d'autres merveilles dans cette église", affirme l'ecclésiastique.
Fort de la présence de plusieurs centaines de personnes lors des messes de Noël, le père Dominique Blot parle de son église comme d'un lieu vivant. "Les pierres ici ont une âme, nous dit-il, elles sont habitées par la prière des personnes". Mais les coups de pouce restent particulièrement bienvenus, pour ne pas dire essentiels, afin que ce patrimoine reste un lieu de vie.
Si le patrimoine devient seulement un musée, ben... Un musée, c'est dans le souvenir. Ça devient une antiquité. Et cette église, construite sous la Renaissance, est une église vivante.
Père Dominique Blot
Les 300.000 euros attribués par la Mission du patrimoine devraient notamment permettre de restaurer les vitraux. Mais le chantier s'annonce de longue durée, surtout à l'intérieur de l'église, pour faire "ressortir les peintures" par exemple. Des financements complémentaires seront sans doute nécessaires.
520 ans après la pose de sa première pierre, l'édifice méritait bien le gros lot pour retrouver de sa splendeur. La co-cathédrale Notre-Dame a été classée au titre des Monuments historiques en 1914.