La précarité n'épargne pas les étudiants des villes moyennes comme Bourg-en-Bresse (Ain). Privés des petits boulots de fin de semaine, certains élèves des IUT se retrouvent en grande difficulté. L'antenne de l'Université Lyon 1 à Bourg vient donc d'ouvrir une épicerie solidaire.
Lundi 26 janvier, c'est jour de rentrée pour les étudiants de l'IUT Génie Thermique et Energie à Bourg-en-Bresse (Ain). Après plus de trois mois de cours à distance, les jeunes reprennent progressivement les cours en présentiel, par petits groupes.
En face de leur bâtiment, de l'autre côté de la rue, on s'affaire aux fourneaux. Derrière les vitres, on devine la cuisine centrale qui approvisionne les cantines des écoles de Bourg, et d'habitude le restaurant universitaire. Mais en raison de la crise sanitaire, ce Resto'U est fermé.
"C'est rageant de ne pas pouvoir bénéficier de plats chauds, réagit Maelys N’Diaye, étudiante en deuxième année de DUT. On a la chance d'avoir une petite sandwicherie, mais on est en plein hiver… Les sandwichs et les salades, ce n'est pas assez nutritif et réconfortant, je trouve."
"Pourquoi pas nous ?", s'interroge Alban Ciclet. L'étudiant en deuxième année avait bon espoir de retrouver des repas chauds comme dans les écoles, les collèges, les lycées. Il avait entendu l'annonce du président Macron la semaine dernière : deux repas par jour à 1 euro pour les étudiants. A la place, il devra lui aussi manger un sandwich.
"On a l'impression d'être les oubliés du gouvernement, confie le jeune homme. Les chances d'exercer un job étudiant sont de plus en plus faibles. Le plus compliqué, pour certains étudiants, c'est de manger et de payer leur loyer."
Cette précarité galopante, la responsable des IUT de Bourg, Sophie Galland, l'observe de plus en plus. "Ils ne peuvent plus travailler dans la restauration rapide ou faire du baby-sitting, explique-t-elle. Ils n'ont plus de restaurant universitaire leur permettant de manger à moindre coût... et puis certains ont vu leur situation familiale se dégrader avec un, voire deux parents au chômage partiel."
Une épicerie solidaire
La direction du site de l'Université Lyon 1 à Bourg-en-Bresse vient donc d'ouvrir une épicerie solidaire. Par l'intermédiaire de la Croix Rouge, elle bénéficie de la force d'approvisionnement de la Banque alimentaire. Des conserves et des boissons côtoient des légumes secs et des produits d'hygiène, le tout est installé dans une salle de réunion. "Je suis venue récupérer deux-trois choses. Ca va me servir pour la semaine", dit timidement l'une des bénéficiaires.
Pour obtenir cette aide alimentaire gratuite, aucune condition de ressources. Les portes sont ouvertes à tous, afin de ne discriminer personne. "On ne pensait pas un jour que tant d'étudiants seraient dans la précarité alimentaire, fait remarquer Karine Buisson, la secrétaire de direction. Certains ne mangent qu'une fois par jour".
Carottes, mandarines, poires ou quenelles... En priorité, Karine Buisson remplit le frigo solidaire de produits frais. Ce frigo, lui, n'est pas nouveau. A l'origine, son stock aidait 10% des élèves. Depuis la crise sanitaire, il donne désormais un coup de pouce à au moins 30% des étudiants.
Reportage de Franck Grassaud et Maryne Zammit