A l’occasion du 40ème festival de musiques baroques et métissées d’Ambronay, j’ai rencontré un duo original : les InAttendus. Une complicité et un respect mutuel anime les deux artistes de cet ensemble poétique.
Les Inattendus sont composés de Marianne Muller à la viole de gambe et Vincent Lhermet à l’accordéon. Ils fusionnent leurs instruments pour délivrer toute la poésie très anglaise d’oeuvres datant des 16è et 17è siècles. Ils ont accepté de dévoiler quelques particularités de leur instrument respectif.
Marianne Muller : Je suis une violiste, et non pas une gambiste.
Yannick Kusy : Quelle est la différence entre votre instrument et un violon, par exemple ?
MM : Le nombre de cordes est différent. Une viole de gambe peut avoir 5, 6 ou 7 cordes. On ne joue plus vraiment avec cinq cordes, comme à l’époque de la Renaissance. Cela a duré presque trois siècles. Il n’existe pas une viole de gambe, mais de multiples sortes. Elles ont différentes formes, tailles… et une des grandes différences avec le violoncelle, auquel on la compare à juste titre, réside dans la manière de tenir l’archet. On le tient par en-dessous, un peu comme tous les instruments de l’Orient…
YK : le son est également différent ?
MM : Le son est très différent. On a des frètes comme sur une guitare et on peut donc faire des accords. Et, surtout, il y a une résonnance incroyable. Si on joue, par exemple, un Sol (elle fait une démonstration) le Sol grave va résonner par sympathie. C’est une très jolie expression, je trouve…
YK : les cordes sont des boyaux ?
MM : Ce sont des cordes de boyaux de moutons… Bio si possible, parce que c’est de la meilleure qualité. Les deux cordes graves sont filetées. C’est-à-dire qu’on y enroule un tout petit fil d’argent métallisé pour donner un peu plus de précision à l’attaque.
YK : Votre duo s’appelle les InAttendus. Que vous apportez-vous mutuellement ?
Vincent Lhermet : C’est d’abord la rencontre de plein de mondes différents. Deux générations différentes et deux sonorités qui se combinent parfaitement. La viole de gambe a eu son heure de gloire à un moment où l’accordéon n’existait pas, puisque l’accordéon n’arrive qu’au 19ème siècle. En fait, ces deux instruments n’ont vraiment coexisté qu’au 20 ème siècle. L’accordéon, finalement, c’est aussi une sorte de petit orgue. Il permet des éventails dynamiques et d’articulation très différents. On le connait très bien dans la musique populaire. Mais, en musique ancienne, c’est un instrument assez récent.
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