Comment attirer des soignants et du personnel en général en milieu hospitalier ? La question préoccupe les gestionnaires des établissements de santé depuis le covid. À Bourg-en-Bresse, le centre psychothérapique de l’Ain vient de lancer la semaine de quatre jours afin de séduire de nouveaux salariés et de retenir les anciens.
Le centre psychothérapique de l’Ain accompagne quelque 15 000 patients et compte 1100 salariés. Comme dans de nombreux établissements de santé, les services manquent de personnels. Malgré la pénurie, dans cet établissement, les employés ont la possibilité de réduire leur semaine de travail à quatre journées. Une expérimentation lancée le 8 janvier a séduit un quart des salariés.
Exigences vs souplesse
Pouvoir concilier travail et vie personnelle. Une question d'équilibre. Les établissements de santé doivent de plus en plus s'adapter à cette demande des salariés, mais aussi des candidats à l'embauche. "Les gens ont des exigences, qui ont beaucoup évolué sur le temps de travail et les conditions. Si ça ne correspond pas à leur problématique personnelle, ils vont voir ailleurs. D'où la nécessité d'une grande souplesse. On n'a pas le choix. Un hôpital sans médecins ou infirmiers, ce n'est plus un hôpital", explique Dominique Bloch-Lemoine, directeur du Centre psychothérapique de l'Ain.
Tout est désormais fait pour attirer infirmiers, psychiatres et pédopsychiatres. Le centre psychothérapique de l’Ain est l'un des premiers hôpitaux français à passer à la semaine de quatre jours, selon Dominique Bloch-Lemoine. Une formule qui pourrait permettre d'attirer et de retenir du personnel.
Attirer et retenir le personnel
Avec les départs en retraite, le nombre de médecins psychiatres a été divisé par deux en quelques années. "En 5 ans, on a perdu beaucoup de psychiatres. On est passé d'une cinquantaine à une trentaine de médecins, temps plein, salariés de l'hôpital. Donc, on fait appel à beaucoup de médecins psychiatres intérimaires. Ils ne restent pas forcément sur de très longues périodes". Un casse-tête pour l'organisation. Sans compter le volet financier : l’enveloppe dédiée aux intérimaires frise aujourd'hui les 5 millions d’euros. Alors, il faut séduire, mais aussi retenir le personnel. La semaine de quatre jours est un argument qui peut séduire.
Pierre-Etienne Bretin est infirmier. Ce dernier vit à une demi-heure de route de l'hôpital. Travailler sur quatre jours, lui change la vie. L'expérience est concrètement positive. Cette formule rime avec des frais de carburant en moins, du temps libre en plus pour la famille ou pour soi. "C'est très positif. Tous les hôpitaux ne font pas ça", confie le soignant.
Une organisation différente
Mais rien de miraculeux dans ce dispositif. Pour bénéficier d’une journée de repos, les personnels travaillent davantage chaque jour. L'amplitude horaire quotidienne est plus importante. Exemple dans le service informatique, Matthieu Guillaumé dispose de son vendredi. Ses collègues prennent alors le relais. "Ça demande de l'organisation, d'être au courant des tâches de son binôme, d'en maîtriser une partie pour prendre la suite pendant les jours d'absence", assure l'informaticien.
En cette période test, tout le monde n’est pas encore éligible à cette formule. Mais les soignants, qui travaillent un jour de moins, avouent une diminution de leur charge mentale. Un remède au stress et au surmenage ? "Ça me permet de déconnecter, de penser à autre chose et d'être peut-être un peu plus disponible quand je reviens au travail les jours suivants", avance Stéphanie Bourgeois, cadre de santé.
Pour l’instant, 148 salariés ont franchi le pas au centre psychothérapique de l’Ain. La semaine écourtée est avant tout un choix.