Le grand cormoran est très présent dans l’Ain, au grand dam des pêcheurs et des pisciculteurs. L'oiseau aquatique est en effet un animal très vorace, qu’il était possible de réguler avec des tirs. Depuis le 19 septembre, un arrêté du ministère de la Transition écologique restreint cet abattage près des rivières.
A Chazey-sur-Ain, près d’un cours d’eau, Daniel Rojon ne peut s’empêcher de penser aux grands cormorans. Il y a encore quelques années, le Président de l’Union des pêcheurs de la basse rivière d'Ain avait observé ces oiseaux aquatiques dévorer des dizaines de poissons. Dans le département, les spécimens sont régulés par des tirs après obtention d’une dérogation, mais un arrêté ministériel vient d’en restreindre l’usage.
"Un prédateur parmi tant d'autres"
En quelques mois, en quelques années, on va avoir une population piscicole, ombres et truites, qui va être décimée par les cormorans.
Daniel Rojon, président de l'association des pêcheurs de la basse rivière d'Ain
Le ministère de la Transition écologique souhaite en effet protéger davantage cette espèce migratrice. Près des lacs, et des cours d’eau, il est désormais interdit d’effectuer des tirs de régulation, et ce, jusqu’en 2025.
C'est le résultat de plusieurs victoires en justice de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Thierry Lengagne, Responsable de la Ligue de Protection des Oiseaux dans l’Ain l’explique : "Ce sont des poissons qui vivent dans une rivière naturelle, où il peut y avoir cinq à six mètres de fond, où il y a des caches pour les poissons, et le cormoran est un prédateur parmi tant d’autres."
"Des ombres et truites décimés par les cormorans"
Pour Daniel Rojon, il s’agit pourtant d’une situation aberrante. "Il faut les réguler les cormorans, pour éviter qu’il y en ait de trop grosses quantités, s’indigne-t-il. Si vous n'avez qu’un ou deux cormorans, ça ne pose pas de problème. Si vous avez des groupes, très importants, c’est un désastre. En quelques mois, en quelques années, on va avoir une population piscicole, ombres et truites, qui va être décimée par les cormorans." L’association pêche a même accroché des affichettes le long de l’Ain pour sensibiliser les promeneurs sur cette situation.
Les pisciculteurs alertent également sur la situation. "[La régulation] est indispensable pour nous. Sinon on arrête la pisciculture, si on ne peut plus protéger les poissons. On fait péter des coups de fusil, on met des bazookas, c’est assez limite", convient Fabien Chatelet. Face à cette situation, son élevage reste rempli d'incertitudes.