Reconnaissables entre 1000 grâce à leur emballage, les briques de lait "C’est qui le patron" se sont taillées une bonne place dans les rayons des supermarchés. Il s’agit de produits qui rémunèrent au juste prix le producteur. Créée il y a 8 ans, la marque connaît un succès grandissant, bilan chiffré à l'appui.
L’initiative est née dans l'Ain, il y a 8 ans, "C'est qui le patron" regroupe aujourd’hui 15 000 sociétaires qui produisent du lait et de nombreux autres produits.
Nicolas Chabanne, le fondateur de cette coopérative ne cache pas sa fierté d'avoir contribué à améliorer le sort des producteurs de lait.
Chaque dividende réinvesti
Nicolas Chabanne s'exprimait ce mardi 8 octobre sur le plateau du journal de France 3 Rhône Alpes. "À l’origine de cette coopérative, on a voulu comprendre ce que chaque centime rajoutait, notamment sur le lait, pour les producteurs. Ils gagnent 8 centimes sur chaque litre, explique le fondateur. Rappelons qu’on boit 50 litres par an et par habitant, cela fait 4 euros par an à rajouter sur nos achats pour changer la vie des producteurs."
L'entrepreneur s'est rendu dans les unités de production. "Nous avons regardé leur comptabilité, ils nous ont tout ouvert", dit-il.
Nicolas Chabanne a remarqué plusieurs choses. "Le premier élément, c’est la considération, c’est la première chose qu’ils nous disent tous. "Le jour où l'on voit arriver un vrai prix juste, quand tu travailles sept jours sur sept, du lundi au dimanche, c’est compliqué de te dire qu’on te donne des miettes". La deuxième chose, c'est qu'avec ce prix, tu peux payer tes dettes, payer tes fournisseurs, tu n’es plus dans cette pression, qui te fait réfléchir toute la journée à des solutions. Tu peux préparer l’avenir, c’est-à-dire trouver un repreneur," détaille-t-il en reprenant les propos des producteurs.
L'industrie laitière française en souffrance
Nicolas Chabanne rappelle que les producteurs disparaissent. Il y a en France 395 000 exploitations restantes, il y en avait 1 500 000 en 1970.
"On n’en perd 27 par jour, mais, souligne-t-il, il y a pire que ça. L’Insee a publié un chiffre inquiétant : En 2030, la moitié des producteurs va partir à la retraite, il est donc nécessaire de protéger ses producteurs qui nous nourrissent tous les jours et qui mérite de vivre de leur travail."
La marque "C'est qui le patron" fonctionne, cependant la meilleure des récompenses, "c’est le sourire des producteurs qui expliquent à quel point leur vie a changé", aime à rappeler Nicolas Chabanne.
Le groupe laitier Lactalis vient d’annoncer qu’il arrête de collecter 450 millions de litres de lait. De nombreux exploitants sont touchés par cet arrêt. L'entrepreneur ne peut que déplorer cette décision. "En une journée, un trait est tiré sur la vie de 800 familles. Ces familles doivent garder espoir, dit-il, car le sort des producteurs, c’est le nôtre."
Il insiste sur la chance que constitue la possibilité d’avoir "cette nourriture à nos portes". "La nourriture du bout du monde" comme il la nomme, "devient de plus en plus aléatoire. Il faut donc protéger toutes les entreprises, en France, qui produisent de la nourriture jusqu’à nos assiettes."