VIDÉO. Une naissance exceptionnelle de vautour moine à Villars-les-Dombes

Le célèbre Parc des oiseaux de l’Ain vient d’enregistrer la 13ᵉ naissance de ce rapace nécrophage en 50 ans. Une contribution importante pour le programme européen Barnabé, qui vise à protéger les volatiles menacés dans la nature.

Vendredi 26 avril, le Parc des Oiseaux de Villars-les-Dombes a vécu, en direct, un petit évènement. Le personnel du parc a pu assister à l’éclosion d’un vautour moine, une espèce de rapace menacée en Europe de l’Est. L’œuf, pondu quelques jours auparavant, avait été placé en incubateur dans la nurserie du Parc, et demeurait sous haute surveillance. 

"Toujours un regard d’enfant"

Pour les soigneurs, les périodes de reproductions des espèces qu’ils protègent sont sources de stress, mais aussi d’émerveillement. "On est toujours un peu suspendus" raconte Christophe Bec, le responsable des naissances au Parc, "Chaque année on espère que ça va marcher, en plus maintenant, on a des caméras pour surveiller H24".  

Alors quand l’un des trois couples de vautour moine a pondu un œuf, les soigneurs ont pu le disposer tout de suite dans un incubateur de la nurserie, pour optimiser les chances d’éclosion réussie. "Le moment de l’incubation est toujours stressant, tant que l’oiseau n’a pas pointé le bout de son bec à travers la coquille, on ne sait pas ce qu’il peut se passer" explique notre spécialiste, avant de reprendre d’un ton amusé "et après, c'est encore pire. Si l’éclosion ne se déroule pas comme prévu, on doit intervenir très rapidement, et avec délicatesse".

Cette fois-ci, un minuscule trou dans la coquille a rapidement permis à ces observateurs privilégiés d’être rassuré quant au positionnement de l’oisillon, et l’éclosion a pu se faire naturellement.  

 

Une espèce protégée par un programme européen 

Une telle naissance est exceptionnelle par sa rareté, mais également en raison de son contexte. Le vautour moine, qui avait totalement disparu de France à la fin du 19ᵉ siècle, fait partie d’un vaste programme européen d’élevage. L’idée est de coordonner la gestion des populations captives entre les partenaires européens pour mieux encadrer la formation de couples, éviter la consanguinité, et ainsi réintroduire efficacement et sans précipitation des individus dans leur milieu naturel.   

La finalité de ce programme est toujours la même ; préserver la nature, et non les populations des zoos. "Les oiseaux nés en captivités seront soit utilisés pour un couple reproducteur, soit eux-mêmes relâchés à l’état sauvage" nous indique Christophe Bec, "mais c’est toujours dans le but de préserver la présence animale dans son milieu naturel" 

La présence du vautour moine est correcte en Europe de l’Ouest, mais plus menacée en Europe de l’Est, et surtout les deux populations trop longtemps éloignées ne peuvent plus se mélanger. "Or la survie d’une espèce dépend en partie de sa diversification génétique" explique le responsable des naissances au Parc de Villars-les-Dombes. Alors les équipes du programme recréent cette diversification génétique, pour harmoniser les populations sur le continent, et ainsi garantir leur prospérité. "Cette fois, la mère est née Novossibirsk en Russie et le père à Mulhouse, ça renforce le patrimoine génétique de l’espèce, qui est réintroduite là où son absence était notable, en Bulgarie".  

Opération "ponte de remplacement"  

Pour l’heure, le nouveau-né du 26 avril est encore au parc de Villars-les-Dombes, où il reçoit les premiers soins des équipes vétérinaires, mais il ne sera pas rendu à ses parents. "Il va être transféré en voiture vers un zoo de Belgique, où il sera élevé par un autre couple de vautour moine expérimenté. Ce seront en quelque sorte ses parents adoptifs" précise Christophe.  

Si le procédé peut paraître cruel, il s’appuie en fait sur un instinct naturel de ces animaux, afin de booster le programme de protection et réintroduction. "En retirant l’œuf aux parents avant la fin de la saison de reproduction, on va déclencher chez ces derniers le besoin de faire une ponte de remplacement, et si on a de la chance, on aura une deuxième naissance issue du même couple la même année. C’est un instinct qu’ils conservent de leur vie en milieu naturel, pour faire perdurer la lignée même si l’œuf est attaqué par un prédateur quelconque".   

"On a déjà assisté à de nouveaux accouplements la semaine dernière, et en ce moment, ils sont en train de reconstruire le nid" se réjouit le spécialiste des naissances du Parc des oiseaux aindinois, "on a bon espoir d’assister bientôt à une seconde naissance".

Si ponte de remplacement il y a, le couple qui a déjà prouvé sa qualité parentale par le passé pourra élever lui-même le nouveau venu. Ensuite, le programme européen décidera si ces oisillons sont destinés à former des couples reproducteurs en captivité, où s’ils peuvent être réintroduits à l’état sauvage. 

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