De nombreux exploitants agricoles tentent de se diversifier. En Auvergne-Rhône-Alpes, le phénomène concerne 20 % des exploitations. A Louchy-Montfand, dans l'Allier, une famille de céréaliers transforme aujourd'hui une partie du blé en farine et fabrique des pâtes vendues directement à la ferme.
" Plus ça va, moins j'apprécie d'aller au supermarché. D'abord, parce qu'il n'y a pas de contacts et ensuite, parce qu'on ne sait pas ce qu'on mange, à moins de connaître l'agro-alimentaire et tout ce qui va avec! " Voilà pourquoi Flavie Martinek, habitante de Cesset dans l'Allier est devenue une cliente régulière des de la famille Landrieaux. Dans cette ferme, elle vient s’approvisionner en pâtes : coquillages en vrac, macaronis, des pâtes qu’elle achète à Laetitia Landrieaux. Cela fait trois mois que Laetitia commercialise ses pâtes en direct, du blé dur ou du sarrasin, une partie vendue en vrac, l’autre, emballée, et déjà, une trentaine de clients chaque semaine.
Laetitia s'est lancée dans ce projet lorsqu'elle a rejoint ses frères, Jérémie et Anthony, déjà associés sur une exploitation céréalière de trois cents hectares dont près de la moitié des terres est dédiée au blé.
Pourquoi pas nous ?
Le premier pas est franchi il y a un an lorsque Jérémie et Anthony, qui vendent leurs céréales à des coopératives, décident de faire eux-mêmes de la farine et achètent un moulin traditionnel, capable de moudre 35 kilos à l'heure. « On commercialisait une grande partie de nos céréales en vente directe à des minoteries. On s’est dit : « pourquoi pas nous ? » Après tout, l’actualité fait qu’on est sur un marché porteur, la demande existe. »
L'investissement dans ce moulin traditionnel permet de mieux valoriser la production de céréales et il permet également la création d'un emploi pour que Laetitia intègre l'entreprise familiale. « Au départ notre idée, c’était de transformer nos céréales en farine et puis on s’est rendu compte qu’on pouvait aller au-delà et proposer carrément un produit fini. Les pâtes, ça nous semblait assez simple à réaliser » nous explique Laetitia tout en mettant à sécher une nouvelle fournée de pâtes maison.
Un pain à la farine locale
La farine, 25 tonnes par an aujourd'hui, est destinée aux boulangers. Ils sont deux dans la région à l'avoir choisie, l'un, au nord de Moulins et l'autre, à Saint-Pourçain-sur-Sioule. Ce dernier, c’est Jérôme Lottin et il a d'ailleurs crée un pain et une baguette avec cette farine locale : « Moi ce que j’aime beaucoup, c’est qu’on sait à qui on a affaire, on a le producteur en face de nous ! En plus, à partir d’un blé pourtant assez commun et dans la tradition française, le fait de le moudre sur la meule de pierre, on se retrouve avec un type de farine vraiment très typée, au goût très accentué, avec des notes de caramel ! »
Les pâtes de Laëtitia seront bientôt en vente dans cette boulangerie. Comme la famille Landrieaux, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à pratiquer la transformation et et la vente directe. Un peu plus de 20 % des exploitations en Auvergne-Rhône-Alpes ont choisi cette voie.