En Auvergne, alors que les températures baissent, les contaminations au Covid augmentent. Si, pour l’heure, la Haute-Loire, le Cantal, l’Allier et le Puy-de-Dôme ne sont pas encore trop impactés, la cinquième vague est déjà là et ses effets commencent à se faire sentir en milieu hospitalier.
La 5ème vague de Covid 19 menace l’Auvergne. Les indicateur épidémiologiques du Cantal, de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et de l’Allier sont à la hausse en cette fin novembre, comme l’explique Christine Saura, responsable de la cellule Auvergne-Rhône-Alpes de Santé Publique France : « La situation dans ces 4 départements suit malheureusement l’ascendance régionale et nationale. Une intensification et une accélération de l’épidémie qui commençait déjà début novembre s’accèlere encore, selon les indicateurs de la semaine dernière. On a une augmentation de la diffusion du virus sur l’ensemble de la région.»
Voici le taux d’incidence en Auvergne pour 100 000 habitants, selon les données de Santé Publique France (semaine du 15 au 21 novembre) :
- Allier : 143,1
- Puy-de-Dôme : 154
- Cantal : 102,9
- Haute-Loire 202,3
Pour la semaine du 15 au 21 novembre, la région Auvergne-Rhône-Alpes a atteint un taux d’incidence de 218 pour 100 000, « ce qui commence à faire beaucoup », alerte Christine Saura. « Les départements d’Auvergne, en particulier le Puy-de-Dôme, le Cantal et l’Allier sont un peu moins touchés actuellement mais ils sont quand même dans cette dynamique. Je mets à part la Haute-Loire car elle a eu un taux d’incidence qui a augmenté dès le mois d’octobre. Ça a été le premier département qui a vu son incidence monter de façon très importante et, fin octobre, je crois que c’était le département qui avait l’incidence la plus forte. L’incidence a ensuite baissé et rejoint le niveau des autres départements. Aujourd’hui, il reste une incidence plus élevée que celle des 3 autres départements », détaille-t-elle.
Une bonne couverture vaccinale
Moindre densité de population, climat, les départements auvergnats pourraient être moins touchés que le reste de la région, mais c’est aussi en raison d’une bonne couverture vaccinale : « Elle est très bonne dans l’Allier et dans tous les départements d’Auvergne. On a des départements moins bien vaccinés au sud de la région. Par exemple l’Ardèche, aujourd’hui, se détache clairement des autres départements avec un taux d’incidence qui est presque à 400, pratiquement le double de la moyenne régionale. C’est certainement en lien avec des zones où les populations sont moins vaccinées », explique Christine Saura. Elle alerte néanmoins sur une baisse de l’efficacité du vaccin après un certain temps, surtout dans cette période où les facteurs météorologiques et les vies plus confinées sont plus favorables à la transmission. Le variant Delta n’est pas non plus étranger à cette propagation : « On a un virus beaucoup plus transmissible que l’année dernière », affirme Christine Saura.
Hospitalisations et réanimations en Auvergne
Cette augmentation des contaminations touche toutes les classes d’âge mais en particulier les plus jeunes, qui avaient tendance à être moins concernés. Elle impacte également le milieu hospitalier.
Voici le nombre de patients en réanimation avec un diagnostic Covid 19 par département le 23 novembre, selon Santé Publique France :
- Allier : 7
- Puy-de-Dôme : 9
- Cantal : 2
- Haute-Loire : 2
D’après les données communiquées par Santé Publique France, le nombre de patients hospitalisés pour Covid 19 le 23 novembre en Auvergne s’élève à :
- Allier : 28
- Puy-de-Dôme : 52
- Cantal : 7
- Haute-Loire : 44
Le CHU de Clermont-Ferrand "en ordre de marche"
Au CHU de Clermont-Ferrand, le professeur et infectiologue Olivier Lesens est formel : « La cinquième vague est là, il n’y a pas de doute là-dessus. Pour l’instant, on a une augmentation des cas dépistés qui se traduit dans les statistiques. On a une très forte augmentation de l’incidence ces derniers jours. On est à plus de 100% d’augmentation de l’incidence sur le Puy-de-Dôme. Ça se traduit par une augmentation des hospitalisations », indique le professeur Lesens. Un système similaire à celui des vagues précédentes est donc remis en place au CHU de Clermont-Ferrand : « Il y a 2 services qui les reçoivent : le service des maladies infectieuses et le service de pneumologie. On attend de voir. C’est une réponse graduée mais on s’est remis en ordre de marche. » Les hospitalisés sont principalement des personnes n’ayant pas reçu le vaccin : « Il y a davantage de patients, principalement non-vaccinés ou immunodéprimés, avec un vaccin qui a moins bien marché. Pour l’instant, on a 29 patients en maladies infectieuses et 5 ou 6 patients en pneumologie. Ça reste raisonnable mais on voit que ça monte pour les hospitalisations conventionnelles. Dans un 3ème temps, on aura les répercussions sur la réanimation ». Pour l’heure, ce service n’est pas surchargé, en raison d’un décalage temporel de l’épidémie par rapport à d’autres zones de la région, connu déjà lors des vagues précédentes.
Des équipes "fatiguées"
Il n’en doute pas, le taux d’incidence dans le Puy-de-Dôme sera bientôt, probablement d’ici une quinzaine de jours, aussi élevé qu’ailleurs dans la région. « Il y a de quoi être un peu inquiet. On s’attend à ce qu’il y ait plus de patients dans les services et qu’il y ait une répercussion sur les réanimations. On est prêts pour ça, avec un bémol par rapport aux situations d’avant : je pense que les équipes sont très fatiguées. Il y a beaucoup d’absentéisme, comme partout. Ça rend les choses un peu plus difficiles, on appréhende plus cette vague-là. Les paramédicaux, les médecins, tout le monde est fatigué. » Le professeur Lesens ignore quand le pic de cette vague aura lieu, mais pour l’éviter, il indique : « On espère qu’il y aura plus de gens qui se vaccineront, qui n’oublieront pas leur dose de rappel. Ceux qui n’auront pas leur dose au bout de 6 mois, participeront aussi à l’augmentation de l’incidence. Il faudra aussi qu’on resserre les boulons sur les précautions standard, le port du masque et l’aération des lieux fermés. Ainsi, on pourra éviter une vague aussi grande que les premières ». Point positif selon lui : le centre de vaccination du CHU reçoit « beaucoup de monde » pour des premières injections comme pour des 3èmes doses.