Depuis le mois d’avril, une étrange maison est en construction dans le petit village d’Autry-Issards, près de Moulins, dans l’Allier. Une famille fabrique une paillourte, une habitation en paille et en bois. Cette écoconstruction est aussi un chantier participatif auquel des bénévoles de la France entière viennent prêter main forte.
Dans le bocage bourbonnais, les maisons traditionnelles sont des longères en pierre calcaire. A Autry-Issards, près de Moulins, dans l’Allier, il n’est donc pas étonnant que les curieux se pressent pour observer cette paillourte sortie de terre en moins de six mois. Julie Darniau, écoconstructrice, explique : « Une paillourte est une maison ronde, en paille. Elle présente une structure et une charpente de yourte, avec des murs et une isolation en paille. Dans le choix qu’on a fait, une partie des murs sont porteurs ». Elle ajoute : « C’est une construction tout à fait sérieuse. On a réfléchi au projet pendant plus d’un an. On avait un premier projet qui est tombé à l’eau avec l’augmentation du prix des matériaux. On a craint de se mettre dans une situation financière ingérable. On a réfléchi à nouveau à ce projet de construction, en essayant d’alléger toutes les charges ».
Des qualités d'isolation
Cette habitation de 130 mètre carrés est prévue pour une famille de six personnes. Julie Darniau poursuit : « Il y a la yourte principale, avec la pièce de vie, une terrasse devant. On s’y voit déjà. C’est une vraie maison, avec une qualité d’isolation qui est au-delà de celle d’une maison passive. On ne fera pas labelliser la maison mais au niveau de l’isolation, on est au-dessus. Les qualités d’isolation aussi bien phoniques que thermiques sont incroyables. En plus, la paille est un matériau biosourcé, qu’on peut avoir extrêmement localement. De plus, cela stocke du carbone ».
Un budget réduit
La famille a fixé un budget de 100 000 euros pour construire sa maison, soit trois fois moins que le prix d’une maison passive moderne. L’avancée des travaux de construction est régulièrement visible sur Internet. Elle suscite l’intérêt de beaucoup de personnes qui ont réalisé ou veulent réaliser des projets similaires. Certains viennent même donner un coup de main. Luc Darniau est un woofer breton : il part en vacances pour travailler à la campagne. Il indique : « La maison est très impressionnante en taille. Elle est très grande par rapport à ce à quoi on peut s’attendre en habitat écologique. J’ai appris tout un tas de techniques, notamment pour la charpente. C’est une charpente autoporteuse, avec des rondins de bois ronds. C’est quelque chose d’assez surprenant, qu’on voit peu dans les habitats traditionnels ». Aucune date de fin de chantier n’est définie pour l’instant. L’objectif est la mise hors d’eau avant l’hiver.