Avec sa mine et sa pagode, Noyant-d'Allier (Allier) est bien singulier. Au XXe siècle, ce village a successivement accuilli des mineurs polonais, des rapatriés d'Indochine et des réfugiés politiques. Nous avons dressé, en quatre épisodes, le portrait de cette commune hors du commun.
Niché au coeur de la campagne bourbonnaise, à une vingtaine de kilomètres de Moulins, le village de Noyant-d'Allier étonne par sa singularité. Cette bourgade, peuplée de moins de 700 habitants, abrite une ancienne mine, mais aussi une grande pagode colorée et une importante communauté originaire du Vietnam.
Noyant-d'Allier possède un passé bien particulier, que nous avons retracé en quatre reportages (visibles ci-dessous). L'exploitation du charbon y débute dès le XVIe siècle puis s'industrialise trois siècles plus tard. Au début du XXe, une mine et un chevalement en béton sortent de terre, et Noyant-d'Allier voit arriver des travailleurs polonais et ukrainiens.
Les parents de Céline Hardouin faisaient partie de ces travailleurs. "Il y avait les paysans, les corons - surtout des Polonais puisqu'ils étaient la moitié - et puis les commerçants, qui vivaient avec l'argent que leur apportaient les mineurs. Ils étaient relativement bien vus," raconte cette habitante du village.
Ce n'est que le début de l'histoire migratoire du village. Quelques décennies plus tard, la France subit le revers de la bataille de Ðiện Biên Phủ, qui signe son retrait de sa colonie d'Indochine en 1954. De nombreux locaux sont alors rapatriés en métropole, et notamment à Noyant-d'Allier. Là, ils sont logés dans les corons qui servaient à loger les Polonais et Ukrainiens avant la fermeture de la mine, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Depuis les années 1950, cette communauté s'impliquent et participent à l'identité singulière de la ville, qui aurait compté jusqu'à 20 nationalités différentes au sein de sa population. Une pagode est construite en 1983 pour que les fidèles puissent s'y recueillir.
Depuis, Noyant-d'Allier a continué d'accueillir. Caroline Nguyen, réfugiée vietnamienne, y a trouvé refuge avec sa famille dans les années 1990. Il y a neuf ans, elle a repris le restaurant asiatique du village et est devenue l'ambassadrice locale de la culture de son pays de naissance. Noyant d'Allier est un creuset, où ces immigrés se sont naturellement intégrés, mélangés et finalement devenus Français.