Chaque année, entre 12 000 et 14 000 visiteurs viennent contempler le joyau de Moulins : le triptyque de la vierge et l’enfant. Au début du mois de novembre, il partira en restauration à Paris pendant deux ans. Un départ qui suscite chez les fidèles moulinois un regain d’intérêt pour ce trésor.
Dans la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation de Moulins, dans l’Allier, se cache un trésor et le père Herbach en est le gardien. Il s'agit du "Triptyque du Maître de Moulins" qui se niche dans la sacristie des évêques. Le chef-d’œuvre a été attribué au peintre d'origine flamande, Jean Hey en 1502. Au centre, figurent la Vierge et l’Enfant entourés d’anges. Le panneau latéral de gauche représente le duc Pierre II de Bourbon à genoux accompagné de son saint patron Pierre. Le panneau latéral de droite représente la duchesse Anne de Beaujeu et leur fille, Suzanne.
Un triptyque très bien protégé
Pendant longtemps, sa position est restée fermer, ce qui explique son état de conservation. « Il n’a pas été dégradé, mais il a été retouché, explique le père Claude Herbach, recteur de la cathédrale. Il y a des repeints que j’ignorais, il a été verni plusieurs fois pour le protéger, mais le problème, c’est que les vernis jaunissent. Les couleurs sont affadies. Normalement, il y aura des couleurs plus vives quand il sera restauré ». Dans quelques jours, ce joyau bourbonnais devra subir un lifting à Versailles. La restauration devrait prendre deux ans.
En 1838, Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques, découvre à Moulins les panneaux démembrés du triptyque. Recomposé, il a été présenté pour la première fois en 1889 et classé au titre des Monuments historiques dès 1898. Pendant longtemps, l’auteur du chef d’œuvre est resté anonyme. Finalement, les spécialistes se sont accordés à attribuer l’œuvre à Jean Hey, figure majeure de l’art français de la fin du Moyen Âge.
Une exposition consacré à Jean Hey au Louvre
Des travaux d’agrandissement et de sécurisation sont aussi prévus dans la sacristie de la cathédrale de Moulins et autour. L’objectif est d’offrir au triptyque un écrin à sa mesure et mieux adapté à l’accueil des visiteurs qui viennent de toute la France et du monde entier.
Aussi, ce départ ne passe pas inaperçu parmi les fidèles, le triptyque fait partie de la vie des Moulinois. « C’est une œuvre majeure, ça incarne l’histoire de Moulins », évoque un habitant à la sortie de la messe. Mais son départ n’est qu’un au revoir. Il devrait revenir en 2024, après un passage par le Louvre pour une exposition consacrée à Jean Hey.
Le 9 novembre, le père Herbach et quelques fidèles seront présents pour l’accompagner avant son départ. Pendant une semaine, encore les habitants de Moulins pourront venir dire au revoir à leur œuvre d’art.