Star des années 80, Richard Gotainer passe le plus clair de son temps dans un petit village de l'Allier. Le chanteur qui s'est fait connaître avec "Primitif", "Le Youki" ou "Femmes à lunettes" nous parle de son attachement à cette terre bourbonnaise et revient avec humour sur sa carrière.

Il était où hein ? Même s'il a connu la gloire dans les années 80, Richard Gotainer est resté très discret. Il coule des jours heureux à Cérilly dans l’Allier, non loin de la forêt de Tronçais. Un havre de paix à la campagne qui rompt avec le tumulte parisien. Il a découvert ce village bourbonnais de façon fortuite : « Cela fait cinq ans que je suis installé dans l’Allier. Avant cela, je n’avais aucune attache. Je m’y suis attaché depuis que je suis là. J’ai découvert l’Allier par hasard. Quand les gens me demandent quelles grandes villes il y a dans l’Allier, je réponds qu’il n’y en a pas ! La plupart du temps, les gens ne savent pas où c’est. L’Allier c’est très vague. Ils ont peut-être vu ça sur des bouteilles d'eau de Vichy. Je ne connaissais pas l’Allier du tout. Le hasard a fait qu’au cours d’une promenade de retour de la Creuse, je suis tombé ici. Par hasard, un camarade m’a fait visiter une maison. On est tombés amoureux de la maison ».
 

J’aime aussi bien ce manque de tout, ce rien, ce personne

Le célèbre auteur de « Primitif », « Le youki », « Le sampa », « Femmes à lunettes » ou encore  « Le mambo du décalco » a aujourd’hui 73 ans.

Petites lunettes, bouc travaillé, chapeau vissé sur la tête qui cache des cheveux grisonnants, il n’a rien perdu de son air facétieux et de sa répartie légendaire. A Cérilly, il a trouvé un véritable refuge : « Je passe mon temps ici. Je suis dans une résidence secondaire où je suis principalement. Je suis à 90 % du temps ici. J’ai toujours aimé la campagne, depuis que je suis petit. Je me suis toujours partagé entre la campagne et Paris. J’ai d’un côté un soulier verni ou une Church vachement bien cirée, et de l’autre un sabot ou une botte en caoutchouc. J’aime bien les promenades en vélo, la nature. Je suis plutôt très à l’aise avec cela. Mes habitudes c’est de faire de la cheminée quand il fait froid, d’aller me promener, aller dans des marchés ou dans des fermes, avoir des potes du coin, des potes paysans. J’aime bien ça mais ça ne m’empêche pas d’aimer Paris et de continuer à apprécier la ville. Ici il n’y a pas beaucoup d’expositions, de théâtres. J’aime aussi bien ce manque de tout, ce rien, ce personne ».

Des liens tissés

Dans ce coin de l’Allier, il répond volontiers aux sollicitations et ne cherche pas à fuir la célébrité : « Je ne suis pas le genre de chanteur à qui on arrache la chemise, même pas le slip non plus. Les gens ne m’embêtent pas. De temps en temps, je tombe sur un casse-c...mais je ne me laisse pas faire. Je suis gentil avec les gens, je suis très disponible. Les gens avec les artistes c’est comme avec les chiens, si vous commencez à courir, ils vous courent après, si vous les caressez, ils remuent la queue. J’ai tissé des liens ici. Si ce n’est pas un costume complet, c’est au moins un beau gilet ».
 

La beauté du bocage

Il apprécie les paysages auvergnats : « Je ne bouge pas assez en Auvergne. J’ai toujours le projet de mettre les vélos sur la voiture. J’adore le Cantal. Ici, on n’est pas vraiment en Auvergne. Administrativement oui, mais je suis dans le Bourbonnais. J’adore cette région. J’aime beaucoup le Bourbonnais qui est un pays de bocage, alors que l’Auvergne est un pays de grands espaces, où on voit loin. Ici c’est la campagne telle qu’on peut l’imaginer dans les livres. Il y a des vaches, des moutons, des gars du bocage, ça tournicote, c’est doucement vallonné, il y a par-ci par-là des fermes. J’aime beaucoup ça. Cela ressemble à une imagerie d’Epinal. Je suis très bien ici ».
 

Un confinement serein

C’est dans ce coin paisible qu’il a passé les différents confinements. Mais son quotidien n’a pas été bouleversé : « J’ai honte de dire que cela ne s’est pas trop mal passé. Je n’ai pratiquement pas senti de différence. Je suis le contraire d’un mec qui aimerait aller à Saint-Tropez. Je n’aime pas ça. J’adore le public et les gens mais je ne suis pas un fou de la foule, surtout quand il faut faire la queue. Pendant le confinement, je n’ai rien vu, je n’ai pas subi. Je me suis mis à la place des gens confinés. Moi, je n’ai pas eu l’impression de l’être. J’ai un grand jardin. Une fois, nous sommes allés nous promener dans la forêt et nous nous sommes fait gauler par des gendarmes. On n’avait vu personne. Nous nous sommes fait disputer. J’étais content de pouvoir présenter mon attestation ».

A Cérilly, il y a du travail, de l’écriture

Dans sa maison de l’Allier, le chanteur travaille et s’accorde aussi de petits plaisirs : « A Cérilly, il y a du travail, de l’écriture. Il faut s’occuper de plein de trucs. Je sais aussi de temps en temps poser le stylo, fermer l’ordinateur et aller dans le jardin, m’occuper des plantes ». Richard Gotainer aime tellement son nouveau cadre de vie qu’il a figuré sur la liste du maire sortant aux municipales de 2020. Il raconte : « J’ai fait cela pour conforter un camarade d’aller se présenter. Je m’étais mis en dernière position pour être sûr de ne pas être élu. Ce n’est pas mon truc, je pense que je suis capable de donner des conseils, sur des trucs de bon sens, sur la vie culturelle mais je n’ai pas l’abnégation requise pour m’occuper des affaires des autres. J’admire les gens qui font cela car c’est un sacerdoce. Au final on a perdu. C’était une déception pour mon copain et que je trouvais formidable comme maire. Espérons que son successeur aura la moelle et saura agir avec autant de talent. S’il s’est présenté c’est qu’il a l’envie. Ca dure un moment un mandat. Regardez notre président de la République, depuis qu’il est aux commandes, le nombre de m... qui lui sont tombées sur la tête, c’est incroyable. Il n’y en a pas un qui a eu pire. Il a un échantillonnage de la m..., de la jaune, de la noire, il a tout eu ».
 

L'importance de s'amuser

Quand on regarde son parcours, on a l’impression que toute sa vie, Richard Gotainer s’est amusé. Il confirme : « Je continue à m’amuser. D’abord, ce que je fais est amusant. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas à prendre au sérieux. Il ne faut surtout pas que ce que l’on propose sente le labeur. Il faut que cela sente l’insouciance, la légèreté. Il faut que cela soit travaillé au point que cela ne sente pas l’effort. Je n’ai jamais imaginé que je ferai autre chose. Je ne savais pas quoi mais je savais que c’était mon truc. Au moment d’entrer à la fac, à la sortie de l’adolescence, j’ai fait du droit pour mon père et je me suis loupé. Je n’ai jamais imaginé faire d’autres choses. Quand j’étais petit, je voulais être artiste de cinéma pour embrasser les filles sur la bouche. Il me semblait que c’était une clé très efficace. Après j’ai appris qu’on ne mettait pas la langue donc je me suis dit que j’allais faire autre chose pour essayer de mettre la langue. Il paraît que chanteur ça marche pour ça ».

Quand je regarde en arrière j’ai été gâté

Richard Gotainer est conscient d’avoir eu beaucoup de chance dans son entourage : « Le fait de ne pas savoir jouer de la musique a fait que j’ai rencontré des musiciens hors pair, comme Claude Engel par exemple. J’ai toujours été entouré de musiciens formidables, comme Mickael Lapie. Claude Engel m’a permis d’être cautionné par ces gens-là. Quand je regarde en arrière j’ai été gâté ». Il a commencé sa carrière dans une agence de publicité. Agence de laquelle il sera finalement viré, pour « mauvais esprit » : « J’étais un peu déconneur. J’ai toujours été ainsi depuis les scouts et les colos de vacances. Quand je suis entré dans cette agence de pub, j’ai fait un dossier et j’ai été remarqué par ma fantaisie. J’en suis sorti parce que je déconnais. Je n’étais pas dans l’esprit de cette agence, très lessivière, très à cheval sur le marketing. Le marketing est revenu en force et c’est pour cela que le niveau créatif a baissé. C’était très formateur. J’ai aussi commencé comme enquêteur pour des études de marché. « Nathanaël, jette mon livre » : j’ai appris qu’il fallait s’empresser d’oublier tout ça, car une seule chose compte, le bon sens, l’invention ».
 

On voulait gagner des sous avec la pub pour investir dans la chanson

Mais très vite, il rebondit et crée son agence : « On a été virés de l’agence avec mon directeur de création. On a fondé une maison de production. Très vite nous nous sommes fait remarquer car nous avions des créations sympas. Parallèlement à cela, j’ai transformé une pub que je trouvais formidable en chanson. Avec mon directeur de création devenu mon associé, on s’est dit qu’on allait faire un 45 tours avec cette chanson. On voulait gagner des sous avec la pub pour investir dans la chanson. C’est ce que j’ai toujours fait. Mon travail de la pub a fait démarrer l’histoire. Aujourd’hui, j’aimerais bien en faire mais je ne suis plus à la mode. On ne fait plus des musiques originales pour les marques. Je ne veux pas dire que c’était mieux avant mais je le pense. Je me demande pourquoi on ne fait plus de chansons publicitaires qui s’attachent aux marques alors qu’utiliser telle musique des Rolling Stones ne déclenche pas immédiatement le nom du produit. Les marketeux ont pris le pouvoir sur les créatifs ».

Il faut regarder ailleurs et c’est comme cela qu’on voit les étoiles

Dans les années 80, Richard Gotainer a ainsi créé les célèbres slogans de Vittel ("Buvez, éliminez"), Infinitif ("Primitif"), Banga ("Y'a des fruits, y'a de l'eau"), Belle des champs ("Tu baguenaudes dans les pâturages"…), Choco BN ("Il est 4 heures"), Saupiquet ("Cassoulet, Couscous, Paella") ou Danette ("On se lève tous pour Danette !"). Ses succès publicitaires lui ont permis de se lancer dans la chanson : « C’est parti en pente douce. A partir de « Primitif » on peut parler de tube. Mais avant il y a eu beaucoup de chansons. Je ne sais pas combien de disques j’ai vendus. Je ne suis pas Michael Jackson. Je regarde devant. Il y a des gens qui me disent que j’ai bercé leur jeunesse. Cela ne nous rajeunit pas, surtout quand on me demande un autographe pour son arrière-grand-mère. Les artistes ont un ego plus important que chez la moyenne des gens. Il n’y a pas une photo de moi sur les murs de ma maison. Il n’y a pas les disques d’or dans les cabinets comme chez la plupart des chanteurs. Il faut regarder ailleurs et c’est comme cela qu’on voit les étoiles ».

Coluche comme ami

Dans son parcours, le chanteur à la voix identifiable entre toutes peut s’enorgueillir d’avoir compté Coluche parmi ses amis : « Ce serait à Coluche de dire si c’était mon ami. Il ne peut pas confirmer ou infirmer. J’aimais beaucoup ce mec-là. Il était d’une intelligence et d’une générosité incroyables. J’ai passé des moments formidables avec lui. Il m’a donné des coups de pouce hors pair ».

 On vit une époque qui devrait être formidable et qui ne l’est pas

Aujourd’hui, l’artiste regrette l’époque que nous traversons : « On vit une époque qui devrait être formidable et qui ne l’est pas. Je crois qu’une grande responsabilité tient aux réseaux sociaux. Mais il y a une espèce de politiquement incorrect qui n’est plus toléré. Je déteste cet esprit de réseaux sociaux. Je serais prêt à négocier la disparition de ce truc-là contre un gros avantage de notre époque. Je n’aime pas cela. Sur mes pages, je ne montre pas mon caca en photo en précisant combien de grammes il fait. Je communique de l’artistique. Je trouve cela pénible. Cela donne un haut-parleur à plein d’imbéciles. Avant, on les entendait moins. Le courrier des lecteurs était rempli d’imbéciles mais il fallait prendre un crayon, mettre un timbre, c’était compliqué. Là il suffit d’écrire une connerie avec 15 000 fautes d’orthographe et on se les envoie entre cons. Cela fait mousser les algorithmes et vous ne recevez que des trucs de cons. Ce n’est pas bien. Je ne suis pas nostalgique pour autant. Je serais plus un nostalgique du futur en me disant que j’espère que cela va être mieux. J’ai des nostalgies mais c’est l’émotion, en retrouvant une photo dans un tiroir. Mais ce n’est pas quelque chose que j’entretiens avec des grosse bûches ».

Un artiste au travail

A Cérilly, il vient de boucler la création d’une chanson : « Je viens de terminer une chanson originale avec Mickaël Lapie pour une pièce de théâtre qui s’appelle « Dans la cour des grands ». J’en suis l’auteur et le directeur artistique. C’est le final de la pièce ». Il se consacre désormais à un projet de grande envergure : « J’ai un documentaliste qui m’a dit qu’il avait plein de trucs vachement bien de moi à la télé. Il m’a suggéré de préparer un DVD. J’ai dit oui. On s’est rencontrés. Il y a des tonnes de choses rigolotes que j’avais complètement oubliées. On trouve des mises en scènes de chansons. C’est vachement bien. Il y a des impros, des numéros chez Jacques Martin, des live avec des super zicos. J’ai peur qu’il y ait un double voire un triple DVD. J’ai vu 6 heures de programmes. Il y a des duos extraordinaires avec Julien Clerc, Laurent Voulzy. J’ai fait des sketches avec Elie Semoun. J’espère sortir ça le plus tôt possible. Il y a un peu de boulot ».


Richard Gotainer a beau détester les réseaux sociaux, il est en contact avec ses fans via Facebook et Instagram. Il publie ainsi des messages et exprime ses talents de photographe. Le septuagénaire exprime à nouveau son sens de l’humour, pour le plus grand bonheur de ses fidèles.
 

 

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