Comment bien s’informer : des anciens lauréats du Prix Albert Londres répondent à des jeunes

Eduquer pour mieux comprendre. Lundi 27 novembre, à l’occasion de la remise du Prix Albert Londres, à Vichy dans l’Allier, des journalistes reconnus pour leur travail étaient face à des collégiens et des lycéens pour leur expliquer l’importance de savoir s’informer. Ils leur ont notamment appris à se méfier des réseaux sociaux.

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Lundi 27 novembre, à Cusset dans l’Allier, des élèves de lycée ont participé à un cours d’éducation aux médias. Il suffit d’une seule question, « Comment vous informez-vous ? », pour mesurer l’ampleur du recul des médias traditionnels. Un lycéen répond : « Je m’informe surtout sur Internet mais aussi avec la radio, quand je suis en voiture avec mes parents par exemple ». Un camarade ajoute : « Je m’informe avec les réseaux sociaux ». Une lycéenne indique : « Je le fais avec mon téléphone et les réseaux sociaux mais aussi avec des sites Internet comme Le Monde ou Franceinfo. Je lis parfois des journaux papier ». Une élève explique : « J’utilise beaucoup les réseaux sociaux, comme Instagram ou Tik Tok ». 

Des algorithmes qui gouvernent

D'après une étude du ministère de la Culture, Internet est le premier média d’information pour les moins de 35 ans. Deux tiers d’entre eux préfèrent aujourd’hui suivre l’actualité en ligne, avec le risque que l’information soit brouillée par de la propagande ou que les algorithmes des réseaux sociaux enferment notre vision. Etienne Huver, grand reporter - Prix Albert Londres 2016, insiste : « Aujourd’hui je me suis rendu compte qu’il n’y a quasiment plus un seul élève qui s’informe par des moyens traditionnels ou qui ouvre un journal. Cela pose des défis à nous journalistes pour leur faire comprendre le danger de ne s’informer que par les réseaux sociaux. Quand vous êtes sur les réseaux sociaux, ce sont les algorithmes qui décident. J’ai travaillé sur la radicalisation en ligne. Cela commence par là. Très rapidement, vous pouvez quand vous être jeune vous retrouver avec des gens d’ultra-droite ou de la mouvance islamiste. Vous pouvez vous retrouver dans un environnement clos où tout ce que vous allez lire tournera autour de cela ». 

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Eduquer pour mieux comprendre. Lundi 27 novembre, à l’occasion de la remise du Prix Albert Londres, à Vichy dans l’Allier, des journalistes reconnus pour leur travail étaient face à des collégiens et des lycéens pour leur expliquer l’importance de savoir s’informer. Ils leur ont notamment appris à se méfier des réseaux sociaux. Intervenants : Etienne Huver, grand reporter - Prix Albert Londres 2016 / Victor Castanet, journaliste d'investigation - Prix Albert Londres 2022 / Nicolas Rocher, référent académique en éducation aux médias et à l'information ©M. Van Oudendycke / L. Pastural / L. Aubisse
Le danger des fake news


Pour éviter cela, il faut apprendre au plus tôt à reconnaître une information fiable : peu importe qu’elle vienne de la télé, de la radio, de la presse écrite ou d’Internet. Victor Castanet, journaliste d'investigation - Prix Albert Londres 2022, rappelle : "Même sur les réseaux sociaux, ils peuvent trouver une information de qualité et passer plus de temps. Il y a des journalistes comme Hugo décrypte qui sont gages de sérieux. Je ne dis pas que tout est mauvais sur les réseaux sociaux. Je dis juste qu’il faut apprendre à aiguiser son esprit critique. Souvent, la seule information que ces jeunes vont chercher se trouve sur les réseaux sociaux, avec le risque qu’elle soit moins sourcée, moins étayée, moins documentée. Ils peuvent se retrouver face à des fake news, des fausses informations ou des informations manipulées".  Il poursuit : "C’est une inquiétude qu’on a de plus en plus dans notre métier de journaliste. La désinformation se répand de plus en plus facilement. J’essaie de montrer aux jeunes comment se passe mon métier de journaliste d’investigation, loin des fantasmes. Je leur raconte comment je travaille, comment j’essaie de leur montrer des éléments de preuve, des témoignages. Je leur montre le temps que cela prend et que c’est un métier artisanal, où l’on passe beaucoup de temps sur le terrain. C’est ce temps, cette exigence déontologique, le fait de respecter le contradictoire, qui font que je peux avoir une information la plus fiable possible"
Nicolas Rocher, référent académique en éducation aux médias et à l'information, précise : « On a beaucoup de personnes qui ont un point de vue sans forcément avoir une information. Pour nous, l’enjeu est de leur faire prendre conscience qu’il y a une différence entre opinion et faits. Pour cela, avoir le point de vue des journalistes, des professionnels de l’information, c’est très précieux ». 
Les progrès technologiques n’auront cependant pas tout chamboulé. Aujourd’hui comme hier, s’informer, ça s’apprend. 


Lundi 27 novembre, le Prix Albert Londres a été remis à Vichy

  • Le 85e prix de la presse écrite a été remis à Wilson Fache pour ses reportages sur l’Afghanistan (Libération et L’écho), la gare routière de Tel Aviv (Mouvement.net) et l’Ukraine (L’écho).
  • Le 39e prix de l’audiovisuel a été décerné à Hélène Lam Trong pour son film « Daech, les enfants fantômes » (France 5, Cinétévé).
  • Le 7e prix du livre a récompensé Nicolas Legendre pour « Silence dans les champs ». 
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