Née en 1928 à Paris et décédée lundi, Jeanne Moreau a passé une partie de son enfance en Auvergne, notamment à Vichy (03) où ses parents tenaient un hôtel-restaurant. L'actrice évoquait aussi des souvenirs de vacances dans les Combrailles, à Saint-Maurice-près-Pionsat (63).
Bien que née à Paris en 1928, Jeanne Moreau a passé une partie de son enfance en Auvergne.
Son père, Anatole Désiré Moreau est né à Mazirat (03), près de Montluçon. Monté à Paris après la guerre où il tient pendant quelques années un café-restaurant avec son frère, il revient dans l'Allier avec sa famille alors que Jeanne Moreau n'a qu'un an et demi. Installés à Vichy, les Moreau tiennent l'hôtel-restaurant de l'Entente.
On trouve de nombreuses informations sur cette période vichyssoise dans le discours d'entrée de Jeanne Moreau à l'académie des Beaux-Arts en 2001. Elle décrit l'atmosphère de ces premières années au "35 rue de Paris" : "nos voisins de droite étaient dans l'ordre : un magasin de Pompes Funèbres, la Maison Roblot, et une épicerie. (…) Sur le trottoir d'en face il y avait une boulangerie-pâtisserie sans grand intérêt, et à côté la boutique "Cuirs et Crépins" où j'étais une habituée." Elle y raconte aussi l'arrivée des curistes dans l'hôtel voisin et sa fascination pour le marchand de journaux librairie-papèterie "au coin de la rue Laprugne" où elle rêve de se laisser enfermer pour s'adonner à l'une de ses grandes passions : la lecture.
Selon l'une de ses biographies ("Jeanne Moreau" de Marianne Gray, parue aux éditions du Nouveau Monde en 2010), l'actrice dit avoir vécu une enfance très gaie à Vichy. Mais c'est aussi là qu'elle vit plusieurs chocs émotionnels comme la mort de sa meilleure amie et la naissance de sa sœur qu'elle vit très mal.
Sa santé fragile lui vaut aussi quelques séjours à la campagne. Elle est envoyée chez celle qu'elle appelle "sa mémé", Julienne Pasquier, une cousine lointaine de son père qui tient une pension de famille à Saint-Maurice-près-Pionsat, dans le Puy de Dôme. Sur "le Divan" d'Henri Chapier en 1993, elle évoque comme l'un de ses souvenirs les plus forts sa première bicyclette, un vélo blanc arrivé sur le toit du car lors de ces vacances auvergnates.
Suite à "une faillite résultant de mauvaises affaires" (expression de Jean-Claude Moireau dans "Jeanne Moreau, l'insoumise", biographie parue chez Flammarion en 2011), la famille de Jeanne Moreau quitte l'Auvergne et repart s'installer à Paris en 1938.
Pourtant, malgré ces années dans l'Allier, le souvenir de Jeanne Moreau semble aujourd'hui très ténu à Vichy. Marianne Gray déclare à l'issue de son enquête sur place menée en 1993 : "il semble peu probable qu’on y organise un jour un festival Jeanne Moreau. En effet, aucune des personnes que j’ai interrogées ne semblait savoir qu’elle avait passé une partie de son enfance dans la ville d’où vient l’eau."