Quelque 300 personnes ont manifesté jeudi 19 mai à l'hôpital de Vichy. Aides-soignants, infirmières, médecins, tous unis pour protester contre les conditions de travail à l'hôpital. Beaucoup sont au bord de la crise de nerf.
Du personnel à bout ! Ils étaient 300 à manifester ce jeudi19 mai à l’hôpital de Vichy (Allier) à l’appel d’une intersyndicale CGT-FO-UNSA. Infirmières, aides-soignantes ou encore secrétaires médicales. Tous réunis pour se faire entendre et défendre leur hôpital. « Cela fait des années qu’on nous rappelle sur nos repos », témoigne Yolande, une aide-soignante. « Nous avons en charge 34 patients. Nous sommes deux la nuit. La journée, nous sommes submergés de boulot. Personne ne nous écoute quand on dit : mettez-nous du monde ! » Patricia, une secrétaire médicale renchérit : « Nous sommes fatigués ! Nous n’en pouvons plus ! Que ce soient les soignants, les administratifs, les techniciens et cela se répercute sur les patients. Faut que cela change ! »
Fait remarquable : 50 médecins sont venus soutenir le personnel médical. « La mobilisation des médecins n’est pas anodine ! », lance au micro Pascal Devos, le secrétaire de la CGT. « A un moment donné, ils en ont jusque là aussi ! Pour travailler, ils ont besoin d’infirmières, d’aides-soignants, de para-médicaux ! Je vous promets qu’ils sont en colère ! » En colère mais aussi inquiets pour l’avenir et la santé des patients : « Et cela ne va faire que s’aggraver », se désole David, médecin urgentiste, sur un ton mi-désabusé, mi-fataliste. « Déjà cet été, on va subir ce qui se passe à Montluçon avec la fermeture des urgences sur certaines périodes. Vichy, un bassin de population de 80 000 personnes, sans recours aux urgences la nuit ? Comment cela va se passer ? Va falloir compter les morts ! »
Perte de confiance
Les manifestants ont défilé au sein de l’hôpital. Ils se sont rendus vers le bâtiment de direction, bien décidés à rencontrer leur directeur. Les syndicats réclament le remplacement de 85 postes qui, selon eux, ont été supprimés depuis 2017. Finalement, c’est le directeur du centre hospitalier, lui-même, qui est sorti pour dialoguer: « Nous allons continuer à augmenter les effectifs de remplacement », promet-il.
Huée à plusieurs reprises, l’équipe de direction en place depuis 5 ans a perdu la confiance de son personnel. Les quelques propositions pour améliorer les conditions de travail, comme l’embauche de deux secrétaires pour rattraper le conséquent retard de courrier ou le paiement des heures supplémentaires, ne suffisent plus. « Mais pourquoi les gens ne veulent pas rester ? » Une manifestante laisse éclater sa colère. « Pourquoi ils sont en burn-out ? Parce qu’ils n’en peuvent plus ! Avant de recruter, prenez soin de ceux qui sont là et ne les laissez pas partir, c’est tout ! » L’enjeu pour ce directeur malmené par ses salariés, c’est d’arriver à trouver du personnel. « Le marché de l’emploi s’est tendu », explique Jérôme Trapeaux. « Nous avons des professionnels qui aujourd’hui, au bout de deux ans de crise Covid, disent qu’ils veulent faire autre chose. L’été ne sera pas simple. Nous espérons faire un maximum de recrutement dans les écoles d’infirmières mais ils ne sont diplômés que le 21 juillet et les aides-soignants le 13 septembre. L’enjeu numéro 1, c’est de préserver les équipes en sécurisant les congés : quand on est en congé, on le reste et on n’est pas rappelé sur la période d’été. »
"Langue de bois"
Le directeur a échangé plus de trente minutes avec les manifestants, sans arriver à les convaincre. Beaucoup demande son départ. « Il n’y a pas de changement pour l’instant », confie Pascal Devos, le secrétaire de la CGT. « Le directeur a voulu s’exprimer. Je trouve que c’est un peu malhonnête. Nous l’avons rencontré trois heures hier, il connaît les revendications. Cela fait des années que nous avons les mêmes revendications. Il fait de la langue de bois ! »
L’intersyndicale attend maintenant des propositions écrites de la part de la direction. Si elle n’obtient pas satisfaction, une nouvelle journée de mobilisation est déjà prévue le 9 juin prochain.