Mardi 11 janvier, lors de l’examen du projet de loi instituant le pass vaccinal, le sénateur de l’Allier, Claude Malhuret, s’en est vivement pris aux antivax. « Trafiquants de fake news », « résistants des boulevards », « has not been de la chanson française » ont été les cibles de l'ancien médecin.
Désormais chacune de ses sorties au Sénat est largement commentée et reprise sur les réseaux sociaux. Celle de ce mardi 11 janvier ne fait pas exception. Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, a pris la parole lors de l'examen du projet de loi instituant le pass vaccinal. Le président du groupe les Indépendants a donné le ton dès le début de son discours : « Contrairement à ce que prétendent depuis des mois les trafiquants de fake news, les résistants des boulevards, les has not been de la chanson française et les Sakharov de la dictature sanitaire, nous avons aujourd’hui trois certitudes : 1) Le vaccin empêche l’immense majorité des formes graves. 2) La probabilité d’un séjour en réanimation est dix fois supérieure chez les non-vaccinés. 3) Les services d’urgence sont remplis par la petite minorité qui refuse la vaccination ».
"Ce pacte germano-soviétique de la désinformation"
Le médecin et ancien maire de Vichy a préparé ses arguments et s’en prend directement à des hommes politiques : « Eh bien nous n’allons pas raser les murs, nous allons répondre. Et d’abord aux politiciens aux abois qui essaient de se refaire la cerise, aux philosophes de comptoir qui confondent liberté et irresponsabilité, aux agités du télé-bocal, qui crient à la démocratie bafouée. Les Philippot, Asselineau, Le Pen, Dupont-Aignan ou Mélenchon, ce pacte germano-soviétique de la désinformation, ont été successivement pour la chloroquine, contre le vaccin, contre le pass sanitaire et maintenant contre le pass vaccinal, avec une infaillibilité absolue dans l’aveuglement. Ces amoureux des dictatures, il faut quand même qu’ils soient gonflés pour accuser le gouvernement et le parlement de prendre des mesures liberticides ».
Le sénateur, qui a décidé de rejoindre le parti Horizons d'Edouard Philippe en décembre dernier, s'adressant à Olivier Véran : " Quoi que vous fassiez, monsieur le ministre, pour eux vous ferez mal. Je vous suggère une idée pour vacciner les 5 millions qui manquent à l’appel : interdisez le vaccin, ils exigeront que tout le monde se le fasse injecter".
"Ce sont les virus qui bafouent les libertés, pas les vaccins"
L’ancien président de Médecins sans frontières, très en verve, défend le vaccin becs et ongles. Il part de son ancien métier pour en tirer un enseignement : « Des quinze ans de ma vie comme médecin dans les guerres ou les épidémies, j’ai tiré une leçon simple : ce sont les virus qui bafouent les libertés, pas les vaccins. Et si l’on ne prend pas les mesures qui s’imposent, c’est l’épidémie seule qui en décide, et toujours de la façon la plus violente et la plus létale ».
"L’idéal serait la vaccination obligatoire"
Le sénateur insiste sur la nécessité de la vaccination et va même encore plus loin : « Oui, le pass vaccinal est une façon de pousser à la vaccination. Et pour tout dire l’idéal serait la vaccination obligatoire, comme il en existe onze autres sans que personne ne hurle à la tyrannie. Vous ne la proposez pas parce que vous craignez que les boutefeux ne finissent par déchirer un pays exténué et parce qu’en démocratie il n’y a pas de moyen infaillible de l’imposer, et vous avez sans doute raison. Alors va pour le pass vaccinal. Les offusqués professionnels diront que vous créez deux catégories de Français, alors que ce sont eux qui se placent en marge et nous mettent en danger. Ils diront que vous les stigmatisez, alors que depuis un an ils traitent les vaccinés de moutons, les soignants de collabos, qu’ils saccagent les permanences des élus et les menacent de mort. Mais nous allons poursuivre ensemble, calmement, la lutte contre l’épidémie ».
"Des millions de Français contre les absurdités"
L’ancien secrétaire d'État chargé des Droits de l'homme du gouvernement Chirac, termine son discours par une pirouette finale : " Les réseaux ont même eu une vertu : après deux ans de bobards, nos concitoyens ont fini, devant l’énormité des fake news, par se faire une solide opinion sur ceux qui les diffusent, et je préfère ne pas répéter ici les épithètes dont ils les gratifient. Quant aux discussions dans les repas de famille où se trouvait un antivax pendant les fêtes, elles ont vacciné définitivement des millions de Français contre les absurdités. Et ce vaccin-là, par chance, il est d’une grande efficacité".
Après une semaine chaotique à l’Assemblée nationale, les sénateurs vont sans doute jouer la carte de l’apaisement. La majorité sénatoriale, dominée par la droite, a affiché son intention de voter le texte, mais certainement pas sans y apporter des modifications.