C’est un lieu insolite, Street Art City. A Lurcy-Lévis, petite commune de l’Allier, l’art urbain est à l’honneur. Des artistes du monde entier viennent embellir les murs de cette ancienne friche. Un endroit, étonnant, unique, ouvert au public depuis 2017.
A Lurcy-Lévis, dans l’Allier, l’art urbain est roi. Bienvenue à Street Art City. Un endroit situé en pleine campagne bourbonnaise. Quelque 13 bâtiments transformés en œuvre géante et mutante. Il s’agit d’un chantier artistique permanent. En 2003, Gilles et sa femme acquièrent ce site de France Telecom, laissé à l’abandon. Gilles Iniesta, président-fondateur de Street Art City, raconte : « On a vraiment acheté sur un coup de tête, un coup de folie, sans aucun but précis. Ce n’est que 12 ans après que Sylvie a eu ce flash, cette illumination. Elle a pensé aux tags, aux graffitis, qu’on voyait dans les grandes villes et aux bords des périphériques. Elle voulait ça ici ».
En Amérique Latine, l’art de rue est partout mais il n’existe pas de lieu comme celui-là. Janin est mexicaine : elle va rester quelques semaines. Le temps de laisser son empreinte. Janin Nuz souligne : « Je peins une amie mexicaine. A travers ce mur, je veux rendre hommage à la puissance des femmes et montrer comment on peut tirer parti de nos racines pour évoluer ».
Bienvenue à l'Hôtel 128
Street Art City c’est aussi l’Hôtel 128. Dans ces chambres, aujourd’hui désaffectées, dormaient les stagiaires de France Telecom : 128 créations et autant d’univers, de pièces à découvrir à la lampe frontale. Un jeune visiteur explique : « Il y a des pièces où on pouvait ouvrir les placards et il y avait des choses cachées dedans ». Une visiteuse ajoute : « C’est insolite. On sent tout de suite la personnalité des artistes. On voit si c’est féminin et immédiatement cela dégage quelque chose ». Quand la peinture s’estompe, on efface tout et on recommence avec un nouvel artiste. Armaykief, artiste plasticienne de Metz (Lorraine), indique : « J’ai eu l’occasion de faire des fresques. Je n’ai jamais fait cela en immersion totale, plafond, sol. Là, le fait de rentrer dans une boîte met en place une toute autre philosophie. Je trouve cela génial ».
Plus de 1 000 artistes sur liste d'attente
Logés, nourris, Street Art City accueille jusqu’à 10 artistes en même temps. L’ensemble du matériel leur est fourni. Gilles Iniesta poursuit : « Il y avait un risque de créer ce lieu permanent pour cet art si éphémère. Pour être très franc, on n’a pas eu ni la conscience ni la réflexion au sujet du risque. A partir du moment où on a constaté qu’il n’y avait pas de résidence ailleurs dans le monde pour ces artistes-là, on s’est dit "On y va ! C’est parti" ». Le pari est réussi : aujourd’hui, 1 099 artistes du monde entier sont sur liste d’attente. Plus qu’un musée, un lieu de création où les visiteurs déambulent, à leur guise. L’un d’entre eux précise : « On est venus sans a priori et on n’a pas été déçus ». Un autre visiteur complète : « J’ai beaucoup aimé les extérieurs. On prend du recul et c’est plutôt impressionnant ».
Un pari réussi
Dans la galerie, pas de fresques mais des toiles en vente, comme celles de Zeso. L’artiste préfère garder l’anonymat. En 2016, il est le premier à investir Street Art City. Zeso, originaire de Lyon, insiste : « Maintenant on voit que c’est connu dans le monde entier. Il y a des gens qui viennent du Canada, du Vietnam, des USA et du Japon. C’est allé au-delà des espérances ». Pour une visite complète, il faut prévoir une journée. Street Art City vous accueille tout l’été, tous les jours sauf le mercredi, jusqu’au 1er novembre. L’entrée est payante : 10 euros pour les enfants de 6 à 16 ans et 20 euros pour les adultes. Tous les renseignements sont accessibles ici.
Propos recueillis par Laurence Laborie / France 3 Auvergne