A Mirabel, village ardéchois d’un peu plus de 700 âmes, l’ouverture d’un bar-restaurant était programmée pour le 20 juin. Cet unique commerce de la commune devait permettre de recréer du lien entre les habitants et compléter l’offre touristique mais en l’espace de quelques minutes, dans la nuit de dimanche à lundi, un incendie a ravagé les lieux.
C’est par une annonce sur « SOS VILLAGE » que la municipalité a trouvé le jeune couple de la région parisienne qui devait prochainement gérer l’établissement. Le projet de la mairie : construire un bar restaurant pour ramener un peu plus de vie et de convivialité dans cette petite commune accrochée au massif du Coiron. Le maire et son équipe ont travaillé d’arrachepied pendant 3 ans pour que ce dossier prenne forme.
Un lieu de vie parti en fumée
Le projet qui a couté 2 millions d'euros est mis à mal par un incendie. Le toit du restaurant n’a pas résisté aux flammes, le bar et la salle de restauration sont aujourd’hui inexploitables. Seule la cuisine a échappé aux flammes mais Il faudra attendre encore plusieurs mois avant que le lieu soit inauguré.
Devant les dégâts, Gilbert Marcon le maire de Mirabel a la gorge nouée, les mots ont du mal à sortir : « C’est beaucoup d’émotions… Malgré le Covid les entreprises travaillent depuis 1 an et demi pour mettre à jour ce projet. On avait recruté nos futurs gérants et ils se retrouvent sur le pavé… On veut essayer d’amener une vie, des rencontres avec les gens. On a beaucoup de gens qui viennent de l’extérieur et il n’y a pas de lieu pour se poser».
Une volonté de faire vivre le projet
Restauration, bar, dépôt de pain, vente de journaux et autres services, la municipalité veut faire de ce lieu un espace d’échanges et de services. Les futurs gestionnaires, Jessica et Bruno ont quitté la Seine et Marne, vendu leur maison pour s’installer ici et faire vivre le lieu. Quelque peu abattus devant les décombres, ils n’en restent pas moins motivés à ramener de la vie à Mirabel : « Derrière ce projet, il y avait toute une dimension sociale : être là au cœur du village, apporter un certain nombre de services. Cette dimension sociale pour nous est importante. On est plus que de simples restaurateurs. C’est ce qu’on visait et c’est toujours ce qu’on vise »
"Depuis des années, faute de restaurant, habitants et touristes se retrouvent une fois par semaine autour du camion pizza"
Au dernier recensement Mirabel comptait 715 habitants. Il y a ici beaucoup de résidences secondaires. Le village est un peu endormi l’hiver, attendant la saison estivale et les flots de touristes venant arpenter les ruelles du vieux bourg.
Martine Martaresche est originaire de Mirabel. Elle habite à deux pas du futur restaurant. C’est son fils qui a alerté les pompiers. Cette ancienne infirmière aujourd’hui à la retraite est très attachée à son village. Elle se désole de voir ce projet retardé : « J’ai connu l’époque où il y avait un bistrot et un restaurant. Les soirs d’été c’était complet …On a beaucoup de résidences secondaires qui sont en partie louées pendant l’année. Il y a des stagiaires de l’école d’agriculture de Mirabel et d’autres de l’école de cinéma de Lussas qui habitent ici l’hiver. Un bistrot de pays, cela nous permettrait de mieux se rencontrer, de discuter.»
Betty est, elle aussi, native de la région. Son père est le doyen du village. Elle avait prévu de l’emmener dîner dès l’ouverture du restaurant. Propriétaire d’un gite à Mirabel, elle espérait pouvoir orienter ses clients vers ce nouveau lieu : « Le dernier restaurant qu’on a connu a fermé dans les années 2000 et le village est un peu mort. Heureusement, pour les habitants et les touristes, il y a un camion pizza qui vient une fois par semaine sur la commune. On y va avec nos tables et nos chaises et cela nous permet de nous retrouver le temps d’une soirée, de partager un moment »
Un expert en assurance est passé pour évaluer le montant des dégâts. Les circonstances de l’incendie restent à déterminer. Une chose est sure : le restaurant ne sera pas opérationnel cet été. Les villageois comme les touristes se retrouveront, comme chaque semaine depuis plusieurs étés autour du camion pizza.