Trois bénévoles mettent en cause la Ferme des enfants pour travail dissimulé et licenciement abusif. Une audience s'est tenue mercredi 06 novembre devant le conseil de prud'hommes d'Aubenas. Le jugement devrait être rendu le 15 janvier 2020.
Trois bénévoles de la Ferme des enfants mettent en cause l'association pour travail dissimulé et licenciement abusif. La Ferme des enfants est une école privée hors cadre de l'Education Nationale fondée par Sophie Rabhi, la fille du philosophe et inventeur de l'agro-écologie Pierre Rabhi. L'école se situe dans le hameau des Buis sur la commune de Berrias et Casteljau. Elle accueille cette année une quarantaine d'élèves.
Le fonctionnement de l'association repose sur le principe du bénévolat. Les personnes qui y travaillent font l'effort de donner de leur temps pour une école différente qui repose sur "une pédagogie de la bienveillance". De même, chaque parent qui scolarise son enfant prévoit de donner 60 heures par an pour du bénévolat, c'est écrit dans le règlement intérieur.
Cependant, trois personnes, une secrétaire comptable, un cuisinier et un animateur qui travaillaient depuis deux ou trois ans dans l'association la Ferme des enfants et qui avaient un rôle important dans le fonctionnement de cette école entendent faire reconnaître leurs droits et demandent des réparations financières. Ces personnes ont quitté l'association depuis août et novembre 2018.
Du bénévolat au contrat de travail
Selon Maître Demoly, l'avocat des plaignants, l'objectif dans cette affaire est de faire requalifier la relation de travail "en relation contractuelle". A la Ferme des enfants, il existe très peu de contrats, très peu aussi de conventions de bénévolat. L'idée est donc de déterminer : " A partir de quand on bascule ou pas dans un contrat de travail ? "Une trahison
Cette histoire provoque de nombreux remous au sein du hameau des Buis, bien connu aussi pour son habitat participatif et intergénérationnel. Sophie Rabhi, la fondatrice de la Ferme des enfants a dû démissionner en 2018. Elle est désormais remplacée par Laurence Arpi, une mère d'enfants scolarisés à la Ferme. Joint par téléphone, Sophie Rabhi, perçoit cette requête devant le conseil de prud'hommes comme une trahison : " Ces personnes étaient dès le départ consentantes, ce sont des adultes, mais elles n'ont pas de cohérence, elles ont retourné leur veste, elles passent de l'amour inconditionnel à la haine totale, il n'y a pas de fond à cela ".Un système institutionnalisé ?
Selon Maître Fréderic Demoly, l’avocat des plaignants , il s'agit bien au contraire " d'un système institutionnalisé qui repose sur la base d'un pseudo-bénévolat. Il faut voir le turnover des bénévoles, il est important, au bout d'un an ou deux les gens se rendent compte qu'ils sont utilisés ".
Plus de 2000 bénévoles seraient passés par la Ferme des enfants en quelques années. La nouvelle présidente déclare vouloir mettre en place plus de conventions de bénévolat pour clarifier les situations. En attendant, le conseil de Prud'hommes d'Aubenas rendra son jugement le 15 janvier 2020