L'homme et le loup, une cohabitation difficile, de tout temps. La semaine dernière, une vingtaine de brebis ont péri sous les crocs des loups. Le prédateur est dans le viseur des éleveurs. Désemparés, les bergers en appellent au préfet de l'Ardèche.
Disparu du territoire national durant des décennies, il est revenu à pas de loup par le massif du Mercantour dans les années 90.
L'animal se fait depuis de plus en plus présent. En septembre 2021, c'est sur le plateau du Coiron au Sud de Privas qu'il a été aperçu.
Une colère grandissante
Au grand dam des éleveurs...4 attaques en 10 jours. Le ton monte, l'exaspération aussi devant les cadavres de brebis alignés au sol.
Alexandre Perrier est éleveur ovin à Saint-Gineys-en-Coiron, il fait partie de ces éleveurs récemment touchés. Le loup a attaqué juste devant sa bergerie, sur une parcelle pourtant clôturée.
"C'est des bêtes qu'on élève, il y en a qui ont été élevées au biberon...l'impact sur mon troupeau, poursuit-il, c'est 4 tuées et une blessée, et il y a l'impact psychologique sur nous, avec ma femme, parce qu'on est un couple d'éleveur , sur les enfants qui font de cauchemars la nuit, on ne fait que parler de loup, avec les voisins, les parents, c'est invivable" conclue-t-il.
Un relief difficile à sécuriser
Éleveurs, syndicats, élus et services de l’Etat se sont réunis pour échanger sur cette épineuse question.
Le relief très contrastée de l’Ardèche pourrait être une porte de sortie pour s’exonérer de ces mesures de protection des troupeaux.
Le terrain propre à l'Ardèche, parfois accidenté et marqué par de nombreux reliefs limite les solutions appliquées ailleurs comme l'explique Mickaël Giraud, éleveur et vice-président du syndicat ovin d'Ardèche. "Le problème c'est l'accès au terrain. On a des terrains qui sont souvent pentus et très broussailleux. Et puis surtout il y a les distances, si je prends l’exemple de mon exploitation, je dois avoir 40 km de clôture vous imaginez un peu s'il faut tout refaire c’est un travail de bagnard !"
Parmi les issues envisagées ce mercredi, une augmentation du nombre de communes percevant des aides à l'équipement de grillages et de chien de montagne comme le Patou, utilisé depuis des siècles pour la protection des troupeaux, a été évoquée.
Accroitre les tirs de défense
Une autre mesure a été abordée, celle des tirs de défense. En clair, il s'agit d'élargir le nombre de personnes autorisées à abattre le loup. Une mesure qui reste bien distincte des prélèvements.
Sur place Thierry Devimeux, le préfet de l'Ardèche, rappelle la complexité du dossier.
"Le loup est un animal protégé, il faut donc que nous puissions montrer que les dispositifs que nous mettons en place, montent en puissance progressivement " explique le représentant étatique.
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Pour démontrer que la première étape n’a pas marché, c’est-à-dire la protection avec les filets ou les chiens, poursuit-il, je donne des autorisations de tirs pour défendre le troupeau. Si ça ne marche pas, on passe à l’étape d’après qui sera de la traque de l’animal."
En 2021, plus de 500 prélèvements ont été effectués sur l'ensemble du territoire national. Cependant, malgré les 500 loups abattus, l'espèce semble s'être bien installée en Ardèche sur le plateau du Coiron.