Alors que l'année s'annonce faste pour certains amateurs, d'autres ne peuvent que constater les ravages d'un été caniculaire. Selon les régions, la cueillette des cèpes semble inégale, au grand dam des amateurs mais en Ardèche, au contraire, c'est une année référence.
Nicole était aide-soignante. Désormais retraitée, elle aime passer du temps dans les sous-bois de sa région, en Ardèche. Nous sommes dans la forêt d'Issenlas, à une heure d'Aubenas. Elle part avec son panier et s'arrête régulièrement pour venir au plus près du sol. Elle est à la recherche des cèpes qui semblent pousser en abondance dans se secteur. Amatrice de champignons "et du partage qui va avec", cueilleuse passionnée comme elle se définit, la période est propice pour elle. Les champignons sont nombreux depuis deux semaines. Nombreux et beaux. Il faut quand même prendre le temps.
Ca fait trente ans que je les ramasse, j'ai l'habitude. Il faut être patient. C'est physique, mais j'adore… On se rend compte de ce que la nature nous laisse
Michèle Serroule, cueilleuse
Une fois son panier garni, elle retrouve Daniel dans un village un peu plus loin. Lui, il va peser, évaluer et payer les champignons. Il sert d'intermédiaire, il est collecteur. En rachetant une partie de la cueillette à ces amateurs, il contribue, d'une certaine façon, à compléter les revenus des habitants aux alentours. Mais pour lui, cette année, cette abondance dans le secteur est synonyme de baisse des cours du champignon. Cela fait deux fois dans sa carrière qu'il observe une telle récolte. Peut-être un peu trop abondante. Il a tout de même refusé 500 kilogrammes de cèpes ce week-end.
Personne ne peut vraiment expliquer cette abondance. Mais peut-être qu'avec ses sols chauds durant tout l'été et arrosés par les pluies et la grêle ces dernières semaines, ça peut favoriser les pousses
Daniel Brecysse, collecteur
"Tant mieux pour eux"
Au sein d'une même région, le constat ne va pas être le même. Ainsi, pour le GMBVS le "Groupe Mycologique et Botanique du Val de Saône" le constat est amer. Dans tout le secteur Val de Saône et rives du Rhône, pas de champignons en nombre.
Il faut monter en altitude ou se rendre sur les contreforts du Massif Central pour commencer à en trouver sur des sols de résineux ou les sous-bois. Ce n'est pas parce qu'il pleut que les champignons poussent
Pierre Cabrol, Président du GMBVS
Ici, on espère que dans une quinzaine de jours, après les pluies de la fin septembre, on pourra commencer les cueillettes pour de bon.
Quant à Michèle, en Ardèche, elle poursuit sa cueillette, avec son œil averti et son expérience. Elle concède un petit secret.
Parfois, sous les bosses d'humus, on peut en trouver, il faut creuser et fouiller. Il faut aussi repérer les endroits où ils poussent d'une année sur l'autre
Michèle Serroule, cueilleuse
En quelques jours, Michèle aura ramassé près de 5 kilogrammes de champignons, "des premiers choix" au "troisième choix". Des critères précis qui définissent la fraîcheur du champignon. Du dessous bien blanc, en passant par le jaune jusqu'au vert. Tous seront comestibles avec des saveurs différentes. Actuellement le prix au kilo se négocie entre 10 et 15 €... pour les veinards qui en ont trouvés.