Dans la Drôme, des pièges sélectifs sont testés dans des ruchers pour capturer les frelons asiatiques, en laissant libres d'autres espèces d'insectes. Le but est de limiter le plus possible l enombre de nids cet été.
Les fondatrices sont déjà là, volant dans les forêts et les campagnes de nos départements : il s'agit de l'équivalent des reines chez les abeilles, mais version frelon asiatique. Elles vont d'ici peu constituer leur nid, qui pourra compter jusqu'à 4 ou 500 individus d'ici quelques mois.
Des pièges sélectifs
En 2020, entre la Drôme et l'Ardèche, plus de 600 nids de «vespa velutina nigrithorax» ont été signalés. Mais dans la nature il devrait sûrement y en avoir plus. L'homme est bien-sûr menacé directement à cause des piqûres, les grands arbres aussi puisque les frelons vont jusqu'à dévorer la sève des grands végétaux, mais ce sont les abeilles qui sont sûrement la proie la plus fragilisée face à cet envahisseur redoutable. Les frelons en font des festins. Des pièges dits sélectifs sont donc testés depuis deux ans à Bourg-de-Pégae (Drôme) en partenariat avec la Compagnie Nationale du Rhône (CNR). Ces pièges n'attrapent que le frelon asiatique.
Depuis début mars, Véronique Boucher, Technicienne sanitaire apicole, a attrapé près de 70 fondatrices grâce à son expérimentation. Ce sont autant de nids en moins sur le département. Concrètement, le piège est constitué à l'intérieur de deux cônes, avec une entrée de taille spécifique, 8 mm. précisément, pour que le frelon asiatique puisse rentrer, mais pas ressortir. Les abeilles, plus petites, peuvent entrer elles-aussi, mais elles auront la bonne taille pour ressortir. "Ça fonctionne" confirme Véronique Boucher, "pour l'instant on est plutôt contents".
Le piège a été imaginé et fabriqué par un apiculteur breton, excédé par la mort de ses abeilles. Les apiculteurs drômois travaillent main dans la main avec la Ligue de Protection des Oiseaux, pour identifier tous les insectes qui pourraient être concernés par cette expérience. Le but est bien de ne piéger que le frelon asiatique, sans nuire à la biodiversité.
"On essaie de trouver des solutions"
Le frelon asiatique se reproduit dans les nids qu'il construit. Les spécialistes ont l'habitude d'affirmer qu'un nid donnera quatre autres nids l'année suivante. Le frelon adulte alimente les larves avec des protéines qu'il trouve sur les insectes. Il se régale donc des abeilles, parce que la proie est facile d'accès dans les ruches pour lui. "Le stock de nourriture est sur place" nous explique Bernard Guellard, Président section apicole du Groupement de Défense Sanitaire de la Drôme. "Il suffit d'une dizaine de frelons asiatiques pour que la ruche dépérisse. Il en mange quelques-unes. Mais ensuite les abeilles ne sortent plus. Elles meurent par stress, par manque de nourriture." Bernard Guellard pense qu'en mettant l'accent sur les fondatrices, dès ce printemps, le nombre de nids pendant l'été devrait diminuer. "On essaie de trouver des solutions, pour ensuite les proposer à nos apiculteurs adhérents. Il faut garder l'apiculture en état."
Comment reconnaître un frelon asiatique
C'est la seule guêpe en Europe à posséder une couleur aussi foncée. "Vespa velutina" est à dominante noire, avec une large bande orange sur l'abdomen et un liseré jaune sur le premier segment. Sa tête vue de face est orange et ses pattes sont jaunes aux extrémités. Il mesure entre 17 et 32 mm.