Il avait des yeux globuleux énormes, couvrant près du quart de son corps: le Dollocaris, crustacé du Jurassique, devait être un redoutable prédateur pour les crevettes de son époque, relève une étude pilotée par un chercheur lyonnais et publiée mardi. Il a été découvert à La Voulte-sur-Rhône.
Dollocaris fait partie des Thylacocéphales, un groupe éteint d'arthropodes marins. Il mesurait de 5 à 20 cm de long et pouvait nager. Il a disparu à la fin du Crétacé comme les dinosaures, il y a environ 66 millions d'années. Protégé par une carapace, un peu comme un crabe, il possédait trois paires d'appendices préhensiles qui lui permettaient d'attraper ses proies. La particularité du Dollocaris : des yeux hypertrophiés, comprenant chacun 18 000 facettes.
Une équipe internationale vient de reconstituer la structure tridimensionnelle des yeux de ce fossile.
Les yeux composés de ce "prédateur visuel" sont remarquablement conservés, ce qui permet de voir toute leur structure interne y compris les cellules réceptrices rétiniennes. "On ne connaissait pas d'yeux aussi bien fossilisés dans les temps très anciens", a déclaré Jean Vannier, directeur de recherche CNRS au Laboratoire de géologie de Lyon, qui a piloté l'étude publiée le 19 janvier dans la revue Nature Communications.
Un prédateur au regard fatal
Grâce à cette vision sophistiquée et sans doute très efficace, Dollocaris pouvait détecter ses proies, les suivre et les capturer avec ses trois puissantes paires d'appendices. Il chassait sans doute à l'affût, comme certains crustacés actuels... Les chercheurs ont également étudié d'autres organes de l'animal, avec une technique d'imagerie aux rayons X. "Des restes de crevettes sont encore présents dans l'estomac du petit prédateur", indique Jean Vannier.Le fossile de Dollocaris est conservé dans les collections de l'Université Claude Bernard Lyon 1.