L’une des plus anciennes variétés d’abricot typique de notre région, le Bergeron, voit sa production régulièrement diminuer. Ce fruit, très apprécié par les consommateurs et les confituriers, pourrait s’effacer du paysage. Aujourd’hui, on en produit encore sur un millier d’hectares en Rhône-Alpes.
Acidulé, typé, rustique, autrement dit simple à produire et ayant de bonnes aptitudes de conservation : l’abricot Bergeron a, pendant des décennies, trôné tel un roi, le roi des abricots. Cueilli entre la mi-juillet et début août, il est considéré comme tardif. On le trouve tout particulièrement sur les territoires situés au nord de Valence jusque dans les coteaux du Lyonnais où il a particulièrement bien prospéré.
Mais voilà, il va bientôt falloir s’habituer à en parler au passé. Correspondant à environ 15 % du verger abricotier, le Bergeron c’est encore un petit millier d’hectares dans la région. Mais avec la transition climatique, il perd du terrain et a de plus en plus de mal à produire au fond de la vallée du Rhône et dans les plaines.
“Les hivers doux et les coups de chaud ne sont pas propices à sa santé. En une dizaine d’années, la limite sud de sa production est remontée d’une trentaine de kilomètres pour passer de Loriol à Tain l'Hermitage, explique Régis Aubenas, responsable de la section fruits de la FDSEA de la Drôme. Il se caractérise par une belle production dans les collines drômoises et iséroises, sur les coteaux ardéchois et dans les coteaux du Lyonnais.”
Actuellement, le bergeron représente 15 % du verger, sa part de vente a baissé face à la consurrence des autres variétés
Muriel Millan, responsable technique Pêches et abricots de France
Un verger qui tend à vieillir
Découvert ou probablement greffé à Ampuis (Rhône) par un certain Monsieur Bergeron dans les années 1930, le roi des abricots est sensible au changement de climat. Il a besoin d’une vraie période de dormance en hiver, aux alentours de 800 heures par hiver au-dessous de 7 degrés. Sinon, ses bourgeons peuvent se nécroser du fait de l’afflux prématuré de sève. Cette année, les producteurs ne s’en sortent pas trop mal, les altitudes comprises entre 400 et 600 m de ses zones de production ont permis d’éviter le pire.
Il n’empêche, le verger est globalement âgé et vieillissant, reconnaît Régis Aubenas. Et le faible renouvellement des arbres laisse place à de nouvelles variétés hybrides plus adaptées aux nouvelles températures. Ainsi, les variétés précoces ont pris des parts de marché, si bien que les étals de marché regorgent de fruits dès la fin juin. Orangered, Sephora, Mediabel, Monabri, Bergarouse ou encore Farbalys (en fin de saison) : l’abricot se diversifie et adopte des couleurs pourpres comme bicolores qui séduisent aussi la clientèle. Pour Marc Broussard, distributeur en fruits et légumes, ces variétés nouvelles sont également goûteuses, belles et surtout productives.
“Face à une demande qui perdure, elles s’imposent peu à peu, au détriment de la variété ancienne, toujours populaire, très recherchée pour les confitures et par les industriels de la transformation mais dont la surface de production a été divisée par deux en 30 ans, de 30 000 tonnes dans les années 90 à 15 000 ces dernières années”, fait-il remarquer.