Thierry Tauleigne est un entrepreneur de terrain. Et pour cause, il est épicier itinérant dans l'arrière-pays ardéchois, là où les commerces de proximité ne sont qu'un vieux souvenir. Mais la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires l'inquiètent, lui et ses clients, souvent âgés.
Depuis 4 ans, Thierry sillonne les routes de l'Ardèche dans son camion, son "cabas roulant" comme il l'a appelé. Produits frais locaux, pain, épicerie sèche, produits d'entretien, il s'est fixé comme règle d'aller dans les villages et les hameaux où les commerces de proximité n'existent plus, "pour ne pas faire de concurrence".
Ce lundi 28 mars, Virginie Cooke et Nicolas Ferro, nos journalistes de France 3 Ardèche l'ont suivi autour de Largentière, dans des villages comme Joannas (297 habitants) ou Tauriers (200 habitants). Là, où il pose son camion une fois par semaine et ses clients, souvent âgés, sont bien contents de le retrouver.
Tout à portée de cabas
Monique, une septuagénaire qui vit seule est venue faire ses courses de la semaine : salade, œufs, déodorant, sacs poubelles .. "et c'est pas fini, Thierry a ma liste..." confie-t-elle malicieusement, tandis que l'épicier rassemble les produits indiqués sur le bout de papier.
C'est bien pratique quand on vit seule et qu'on ne conduit plus. Il y a des voisins qui aident bien, mais on ne peut pas embêter tout le monde tout le temps. Non, vraiment c'est formidable.
Formidable, c'est bien le mot. L'épicier prend les commandes par téléphone, accompagne ses clientes quand les sacs de courses sont trop lourds, et remplit même le réfrigérateur pour cette cliente en fauteuil roulant. Ah oui, j'oubliais, pour cette cliente qui ne peut se déplacer, c'est lui qui se rend chez elle, avec son "cabas roulant."
Des frais kilométriques en hausse
Mais ce commerçant au grand coeur n'est pas tout à fait serein, et la hausse du prix des carburants n'y est pas étrangère. Car bon an mal an, il fait 350 kilomètres par semaine dans des zones pentues, avec un camion bien plein. Résultat, ses frais de déplacement explosent. "Pour le moment, je ne répercute pas le surcoût du gasoil sur le prix des marchandises. Je puise dans ma trésorerie, quitte à baisser un peu mon salaire."
Avant je mettais 75 euros de carburant, et j'avais environ 46 litres. Aujourd'hui, je mets toujours 75 euros, mais je n'ai plus que 36-37 litres. Alors je passe à la pompe plus souvent et j'essaye de réduire la vitesse mais ça n'est pas évident.
Il faut dire que le carburant n'est pas le seul poste qui augmente. Thierry Tauleigne explique observer la hausse des marchandises, et des denrées alimentaires en particulier. Et ses clients sont pour beaucoup de petits retraités, qui "connaissent des fins de mois difficiles."
Alors pour le moment, Thierry serre les dents, en se disant que si les prix du carburant devaient encore augmenter, ses tournées dans le bassin de vie d'Aubenas pourraient peut-être devenir bi-mensuelles. Une hypothèse qui n'enchante pas Monique... parce que la visite hebdomadaire de Thierry reste un plaisir, "et puis pour stocker les légumes, 15 jours c'est pas pareil."