En 2019, la région Auvergne-Rhône-Alpes signe un plan d'aide de 375 000 euros pour développer la filière trufficole. Le syndicat des trufficulteurs d'Ardèche est à l'initiative de cette négociation. 6 000 plants de chênes truffiers viennent d'y être plantés.
Comparée à sa voisine de la Drôme, l'Ardèche ne possède pas une production de truffes importante alors même qu'elle possède un territoire qui s'y prête très bien. La truffe noire, la tuber mélanosporum pousse sur les sols calcaires qui sont légion dans le sud Ardèche. Souhaitant redynamiser la filière, le syndicat des trufficulteurs d'Ardèche a été le fer de lance de la négociation avec la Région pour obtenir ce plan d'aide.
"On avait conscience qu'il fallait des aides publiques pour relancer la filière. Il fallait que les pouvoirs publics s'y intéressent et nous envoient des coups de pouce comme celui-là"
Ce plan d'aide régional touche tous les syndicats trufficoles d'Auvergne-Rhône-Alpes. Les départements de l'Allier, de l'Isère et même du Cantal peuvent obtenir des aides à la plantation. Dans le Puy-de-Dôme, par exemple, il existe quelques zones calcaires où la truffe blanche d'été, la tuber aestivum peut s'y développer.
Le nouvel or noir ardéchois
Le syndicat a mené tambour battant plusieurs réunions d'informations auprès des agriculteurs sur la culture du chêne truffier et sa production. À plusieurs endroits du territoire, le syndicat s'est mobilisé pour intéresser les jeunes agriculteurs à cette nouvelle filière. Pour le moment, environ une quinzaine d'entre eux se sont engagés dans cette nouvelle production. Sur les 10 000 plants de chênes truffiers plantés à l'échelle de la grande région, environ 6 000 le sont déjà en Ardèche.
Anne-Louise Mathon est productrice d'olives à Fons dans le sud Ardèche depuis une vingtaine d'années. Le 31 octobre dernier, l'agricultrice a planté pas moins de 500 plants de chênes truffiers. Et compte en planter 200 de plus prochainement.
"Le produit nous a toujours intéressé, la truffe est un produit magique ! Et puis, ça sera un complément de revenus pour nos retraites"
Devenir trufficulteur ne s'improvise pas. Parmi les aides régionales, une partie est dévolue à la formation. Elles ont lieu actuellement en Ardèche au domaine du Pradel où Anne-Louise Mathon apprend le métier. "C'est très intéressant, la formation nous montre ce qu'il faut faire concrètement. Par exemple, on ne peut pas imaginer avoir une truffière sans irrigation. Le paillage est aussi très important pour diminuer les chaleurs durant l'été. Cela retient l'humidité et diminue de 5 à 7 degrés la température au pied de l'arbre, là où se développe la truffe" précise Anne-Louise.
Une filière en devenir
Dans sa quête de transparence et de structuration, le syndicat des trufficulteurs d'Ardèche espère pouvoir à terme recenser toutes les truffières du département. Cette cartographie leur permettrait de mener à bien une politique globale de la production de truffes en Ardèche.
Dans la même optique, une nouvelle convention est en cours de négociation entre le domaine du Pradel et le syndicat pour que la truffière expérimentale plantée il y a quinze ans devienne "un vrai lieu de formation avec des activités concrètes comme la taille des arbres, le travail du sol, l'irrigation, l'ensemencement etc... ". Comme c'est le cas pour la viticulture ardéchoise.