Pour éviter tout risque d'incendie, le débroussaillage est fondamental. C'est d'ailleurs une obligation légale. Un paysagiste ardéchois utilise un robot de pente pour accéder aux endroits les plus difficiles avec succès.
La météo de ce début juillet ferait presque oublier que nous sommes bien en été. Les années précédentes, à la même époque, les alertes sécheresse étaient fréquentes et avec elles les risques d'incendie.
La loi est très claire, vous avez l'obligation de débroussailler votre terrain et de le maintenir en état débroussaillé s'il est situé à moins de 200 mètres d'un bois ou d'une forêt. Cette opération doit également être réalisée autour de votre habitation sur 50 mètres.
Julien Bernard est paysagiste, pour effectuer le débroussaillage il utilise un robot radiocommandé, équipé d'un broyeur forestier. L'engin est d'une efficacité redoutable.
Garrigue, derrière la carte postale, le danger
En Ardèche, dans la Drôme mais aussi dans le Var, le Vaucluse, la Lozère et le Gard, partout où il intervient, Julien Bernard dresse le même constat. Les risques d'incendie augmentent en l'absence de débroussaillage.
"Le principal problème, c'est que souvent les terrains sont en friche", énonce Julien Bernard.
Longtemps, le débroussaillage se faisait manuellement ou à l'aide de tracteurs massifs pour les champs les plus vastes.
"Il n'y avait pas de réponse technique pour traiter de vastes volumes de végétation en peu de temps. Les anciens faisaient des terrasses, des murs en pierre, mais quand cela se retrouve sous trois à quatre mètres de ronces, on ne voit pas la difficulté du terrain, son relief."
À cela se rajoutent, selon le paysagiste, les écobuages qui sont de moins en moins permis, les accès à la déchetterie compliqués sans le véhicule adéquat pour transporter un important volume de végétation.
Prévenir et éviter les incendies
Pendant 10 ans, Julien a été sapeur-pompier volontaire, ce qui l'a sensibilisé à l'intérêt du débroussaillage.
"J’ai été amené à intervenir à de nombreuses reprises sur des feux de forêt, fréquents dans notre région chaque année sur les périodes sèches."
Une expérience qui lui a permis d'acquérir une expertise en la matière. "Souvent les mairies envoient courrier aux riverains concernés par une OLD (obligation légale de débroussailler). Le service départemental d'incendie et secours ou l'ONF font le tour des communes et posent une date butoir à laquelle le débroussaillage doit être fait".
Si la broussaille est encore là, c'est une amende 150 euros, puis 1500 euros si le propriétaire tarde encore.
Julien souligne qu'il existe aussi des conséquences au niveau de l'assurance. Elle peut refuser d'indemniser si le défaut de débroussaillage est avéré.
"Les néoruraux qui arrivent et s'installent à la campagne imaginent qu'il faut laisser la nature pousser, laisser les ronces, les herbes hautes, dit-il. C'est une erreur, nettoyer, ce n'est pas détruire la nature, c’est la mettre en valeur et surtout la protéger".
"Beaucoup d'anciens citadins viennent s'installer dans nos régions mais n'ont pas la culture du feu", affirme le paysagiste. C'est quand ils sentent l'odeur de la fumée et voient passer les avions au-dessus de leur maison qu'ils se réveillent."
Défricher le terrain du voisin
Une OLD s'applique sur une construction et il n'est pas rare d'avoir autour d'une habitation, des portions de terrains à défricher qui appartiennent aux voisins.
"Dans 70% à 80% des cas, les gens se retrouvent à débroussailler des terrains qui ne leur appartiennent pas, indique Julien Bernard. C’est la loi, ils doivent prévenir le propriétaire par courrier en demandant au propriétaire l'autorisation d'intervenir sur le terrain."
Un robot tous terrains à la rescousse
Un robot de pente équipé d'un broyeur forestier permet à Julien Bernard d'effectuer le travail de 7 à 8 personnes.
"Quand vous effectuez un débroussaillage sur un terrain qui n'a pas été entretenu pendant 20 ou 30 ans, vous pouvez redécouvrir des arbres fruitiers ou des oliviers plantés il y a des années, sans les abîmer, alors que d'autres machines les auraient endommagés", affirme Julien Bernard.
Le paysagiste poursuit "70% de mon activité, ce sont des terrains concernés par les OLD (les obligations légales de débroussailler). Hier, nous avons fini un terrain qui devait être en friche depuis 25 ans. Cela nous a pris deux jours. La propriétaire veut le vendre, mais en friche, il était impénétrable. Dans ce cas, on ne peut pas se rendre compte de son potentiel, des pentes, des volumes... en deux jours les 3000m² ont été traités".
L'homme précise qu'il y a de nombreux chantiers "piégeux", avec des pierres dissimulées, des terrasses rendues invisibles par la végétation.
"On ne peut pas y rentrer avec un tracteur. L'avantage du robot, c'est que la machine est basse. Elle mesure 1 mètre 20 de hauteur, on peut bien passer sous les branches et les chenilles permettent de gravir les pentes tout en restant stable."
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Son carnet de commandes se remplit facilement. Ses clients font appel à ses services d'une année sur l'autre. "Les gens se réveillent souvent au dernier moment", souligne-t-il.