Ils sont vent debout contre la construction d'une basilique dans la vallée de la Bourges, en Ardèche. Des habitants de St-Pierre de Colombier s'opposent à ce projet jugé pharaonique au coeur d'un site naturel. Le 13 juin, une ZAD a été installée sur le chantier. L'expulsion au eu lieu lundi 15 juin.
Actualisation le lundi 15 juin : Des opposants délogés par les gendarmes
Ce lundi 15 juin à 12 h, sous l’autorité du préfet de l’Ardèche, la Gendarmerie Nationale a débuté une opération d’expulsion des occupants illégaux du terrain ayant vocation à accueillir le projet de construction de la congrégation. Lors de l'opération, les pompiers étaient également sur place. La préfète a toutefois invité les militants au dialogue. "Si certains des opposants au projet acceptent le dialogue et portent un projet qui s’inscrit dans la légalité : ils ont alors le soutien du préfet et seront reçu par les services de l’Etat," indique la préfecture dans un communiqué.
Quelque 70 militaires ont mené à bien l'opération, a-t-on appris auprès de la gendarmerie. Onze personnes qui occupaient une passerelle en cours de construction ont été amenées au commissariat le plus proche. Après vérification de leur identité, elles ont toutes été relâchées. "Tout s'est passé dans le calme. Les occupants n'ont pas opposé de résistance", ont indiqué les forces de l'ordre.
Le projet d'une congrégation, "la Famille Missionnaire de Notre-Dame" (FMND), fait polémique depuis des mois chez des habitants du village de Saint-Pierre de Colombier et de la Vallée de la Bourges, en Ardèche. La construction d'un édifice religieux et de ses annexes est pointée du doigt par des opposants qui dénoncent un projet démesuré et néfaste pour l'environnement.
"un combat purement écologique" et pacifiste
Le projet de la congrégation prévoit notamment l'édification d'une basilique capable d’accueillir 3500 personnes sur un terrain de sept hectares. Une source d'inquiétude dans la vallée de la Bourges. Le village de Saint-Pierre-de-Colombier est situé au coeur du parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Les opposants brandissent notamment la menace d'une destruction d'espèces protégées et de leurs habitats. Il s'agit notamment du sonneur à ventre jaune, de la loutre, du castor ou encore du crapaud commun.
Samedi après-midi, 13 juin, des opposants au projet ont installé une ZAD "zone à défendre" sur le chantier. Entre trente et quarante personnes se sont installées sur le site en début d'après-midi. Selon nos informations, il n'y a eu ni violences, ni dégradations. Une action soutenue par le collectif Ami-es de la Bourges.
L'installation de cette ZAD, "ça fait partie du combat qu'on mène ici depuis deux ans," explique Clémence Delahaye, Membre du collectif et habitante de Saint-Pierre de Colombier. Elle présente "cette action pacifique" comme "un coup de projecteur sur ce qui se passe ici". Les opposants disent en avoir fait appel en vain aux pouvoirs publics. "La charte du parc naturel régional n'est pas respectée avec ce bâtiment qui va complètement détruire le paysage !" explique la jeune femme. "Bientôt avec l'église de 50 mètres de haut, on ne verra plus le paysage des Monts d'Ardèche," déplore Clémence Delahaye.
La préfète de l'Ardèche, Françoise Souliman, s'est rendue sur place samedi après-midi pour rencontrer les opposants. Les occupants illégaux ont été invités à partir d’eux-mêmes. Un arrêté d'expulsion a été pris, exécutoire sous 24 heures : les occupants ont jusqu'à ce dimanche soir à 21h15, pour quitter les lieux, prévient la préfecture. "Suite au refus de dialogue de la part des opposants au projet, un arrêté d’expulsion leur a été notifié samedi 13 juin en fin de journée," a expliqué aujourd'hui la préfecture.
Un combat qui dure depuis plusieurs mois
La commune de Saint-Pierre de Colombier qui compte près de 400 habitants est traversée par la rivière Bourges et est surplombée par la statue de Notre-Dame-des-Neiges. Le lieu est devenu un site de pèlerinage. Le projet immobilier de la congrégation prévoit un sanctuaire et des annexes avec un bâtiment d’accueil, une aire de dépose des pèlerins et une passerelle piétonne enjambant la rivière. Le projet a vocation à développer le tourisme religieux du site. Le coût de l’ouvrage est estimé à près de 17 millions d'euros. Le permis de construire a été délivré en décembre 2018 et le chantier a débuté le 2 mai 2019.
Le point sur la légalité du projet
Ce 15 juin, la préfecture a tenu à rappeler que "le permis de construire a été délivré par la mairie le 12 décembre 2018, après que la congrégation a effectué une demande d’examen au cas par cas, préalable à la réalisation éventuelle d’une évaluation environnementale auprès de l’Autorité Environnementale."
Elle précise que "dans son avis en date du 5 mars 2018, l’Autorité a considéré que l’évitement des milieux naturels les plus sensibles (cours d’eau de La Bourges et berges associés) était assuré par le projet présenté et a conclu à la dispense d’évaluation environnementale et donc d’étude d’impact, en application du code de l’environnement."
La préfecture indique que le projet" résulte donc des décisions prises par le maire puis par l’Autorité Environnementale (DREAL Auvergne-Rhône-Alpes)". Ils l'ont validé "chacun dans leur domaine de compétence," en se basant sur "les dispositions du code de l’environnement" mais aussi sur les dispositions de la « loi sur l’eau ».
Le village de Saint-Pierre de Colombier est situé au nord d'Aubenas, non loin d'Antraigues-sur-Volane.