La justice examine depuis lundi les incidents qui ont conduit à l'interruption du match Bastia-OL du 16 avril. Les supporters corses estiment avait été provoqués par le gardien Lyonnais Anthony Lopes. Le goal dit avoir lui-même entendu des insultes et des menaces à l'encontre de sa famille.
Provocation d'un joueur lyonnais ou "menaces et insultes" d'un dirigeant corse? Le tribunal correctionnel de Bastia s'est penché lundi sur l'origine des incidents qui avaient abouti le 16 avril à l'interruption du match Bastia-OL, et pour lesquels 15 personnes comparaissaient.
La rencontre avait démarré en retard après l'envahissement du terrain par des supporters bastiais, qui avaient pris à partie des joueurs et des membres du staff lyonnais pendant leur échauffement, avant d'être définitivement interrompue après de nouveaux incidents à la mi-temps. Cinq hommes, dont Anthony Agostini, le directeur des services généraux du SC Bastia, sont jugés pour leur rôle direct dans ces échauffourées. Dix autres comparaissent
pour avoir envahi le terrain.
Le tribunal a entamé l'examen de ce dossier, qui a valu notamment au club une défaite sur tapis vert --une décision de la Ligue de football dont il a fait appel--, avec le témoignage du gardien lyonnais Anthony Lopes, entendu par visioconférence. Comme son co-équipier Mathieu Gorgelin, il a porté plainte pour "violence en réunion dans une enceinte sportive".
A la mi-temps "je suis allé récupérer ma bouteille d'eau près du poteau, je reçois des menaces, des insultes" venant des tribunes, a-t-il déclaré, affirmant avoir entendu le prénom de ses enfants et de sa femme, ainsi que des menaces de viol et de meurtre à leur encontre.
Le joueur était entendu à la demande d'Anthony Agostini, que le président lyonnais Jean-Michel Aulas avait accusé d'avoir frappé Anthony Lopes --des accusations contestées par le dirigeant du SCB, qui a porté plainte pour dénonciation calomnieuse.
"Je me dirige vers les vestiaires, je croise la route d'Agostini, il a eu des mots très forts à mon encontre, des insultes et des attaques physiques", a ajouté le gardien de l'OL, lui-même visé par une plainte d'Anthony Agostini pour "violences, injures et menace de mort". "Il me prend le bras droit et me le colle contre le ventre tout en essayant de me pincer. Je le pousse pour l'éloigner de moi, Agostini me gifle, je m'énerve", poursuit encore Anthony Lopes.
- Une question de 'fierté' -
"Est-ce qu'il reconnaît avoir défié les tribunes, (...) est-ce qu'il est conscient de les avoir défiées?", lance de son côté Anthony Agostini."Je ne défiais pas la tribune, je montrais que j'étais fort pour recevoir toutes ces insultes", lui répond le gardien de l'OL, invoquant une question de "fierté". "Il savait très bien qu'au prochain incident le match serait arrêté!", se défend encore Anthony Agostini, niant avoir levé la main sur le gardien lyonnais.
Les dix hommes qui comparaissent pour être entrés sur le terrain sont conseiller financier, peintre en bâtiment, chômeurs, ingénieur ou marin. Ils ont entre 20 et 42 ans. Parmi eux se trouve également l'étudiant Maxime Beux, qui assure avoir perdu un oeil suite à un tir de Flashball de la police lors d'incidents après un match Reims-Bastia en février 2016. "On en a raté un, un blondinet avec une queue de cheval, si vous le connaissezje suis preneur", ironise le procureur Nicolas Bessone.
Tour à tour, les prévenus font amende honorable: "Je suis désolé car ça a nui au club", "On est entrés sur le terrain bêtement" ou encore "J'ai suivi la foule, je n'ai pas réfléchi". "On a été emportés par la passion", dit un autre, affirmant qu'un joueur lyonnais avait délibérément lancé un ballon en tribune, touchant un enfant, et qu'un autre avait "fait un bisou vers la tribune". "On a tous joué au foot, ce n'est pas la première fois que des ballons partent en tribune!", le recadre le président du tribunal.
Les plaidoiries et les réquisitions sont prévues mardi.